cette clause. Quant a mon sejour en Russie, il
ne sera pas long; j'arrangerai mes affaires, je quitterai le service
actif en raison de mes nombreuses blessures et je reviendrai me fixer
en France. Voyez, mon ami, reflechissez; voulez-vous que je parle a Mme
Blidot?
DERIGNY.--Mon general, que de bontes! Mes chers enfants, ils vous
devront tout, ainsi que leur pere. Oh oui! mon general, parlez-lui,
demandez-lui, au nom de mes enfants, qu'elle devienne leur vraie mere,
que je puisse les lui donner en les conservant.
LE GENERAL--Aujourd'hui meme, mon cher Derigny; je suis content de vous
trouver si raisonnable. Allez me chercher Mme Blidot, que je lui parle
tout de suite... Mais non, c'est impossible; vous ne pouvez pas y aller
pour cela. Envoyez-moi le cure; je le lui enverrai a mon tour; il me la
ramenera et a nous deux nous ferons votre affaire. Allez, mon ami, vite,
vite, et puis allez voir vos enfants. Derigny ne se le fit pas dire deux
fois; il n'avait pas encore vu ses enfants; il ignorait qu'ils dormaient
encore. Il alla lestement faire au cure la commission du general et
courut a l'Ange-Gardien; il y trouva Mme Blidot seule. Il eprouva un
instant d'embarras. "Je suis seule eveillee, dit-elle en souriant. Ils
sont tous ereintes et ils dorment tous."
DERIGNY:--Je venais voir mes enfants, ma bonne madame Blidot.
MADAME BLIDOT.--Monsieur Derigny, je suis bien aise que nous soyons
seuls: j'ai a causer avec vous au sujet des enfants. Mon cher monsieur
Derigny, vous savez combien je les aime; les perdre serait ma mort.
Voulez-vous me les laisser?
Derigny hesita avant de repondre. Mme Blidot restait tremblante devant
lui; elle le regardait avec anxiete; elle attendait une reponse.
"Jamais je n'aurai le courage de les reperdre une seconde fois", dit
Derigny a voix basse.
-Mon Dieu, mon Dieu! s'ecria Mme Blidot en cachant sa figure dans ses
mains, je l'avais prevu! Elle sanglotait, Derigny s'assit pres d'elle.
DERIGNY.--Chere madame Blidot, si vous saviez combien votre tendresse
pour mes enfants me touche!
MADAME BLIDOT.--Elle vous touche, et vous ne voulez rien faire pour la
contenter."
DERIGNY.--Pardonnez-moi, je suis dispose a faire beaucoup pour vous les
laisser, mais je ne puis, je n'ose vous le dire moi-meme: le general
vous en parlera, et, si vous acceptez la proposition qu'il vous fera en
mon nom, mes enfants seront les votres.
MADAME BLIDOT, avec surprise. Le general!... les enfants!... Ah! j
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