our les enfants! Avec un coeur pareil, Derigny, vous serez
heureux, et les enfants aussi.
DERIGNY.--Que Dieu vous entende, mon general! Mme Blidot causait pendant
ce temps avec le cure.
"Je n'ai plus de souci, de poids sur le coeur, disait-elle. Monsieur
le cure, dites demain une messe pour moi, en action de graces. Allons,
adieu, au revoir, monsieur le cure; a tantot, mon bon general, nous
viendrons voir comment vous vous trouvez de vos fatigues d'hier. Sans
adieu, mon cher Derigny, je cours voir mes enfants et annoncer la bonne
nouvelle a Elfy."
Mme Blidot disparut aussi vite qu'elle etait entree, laissant Derigny
content, mais etonne, le general riant et se frottant les mains, le cure
partageant la gaiete et la satisfaction du general.
LE GENERAL.--Eh bien, mon ami, vous qui n'y pensiez pas, vous qui avez
bondi comme un lion quand je vous en ai parle, vous qui trouviez ce
mariage impossible il y a une heure a peine, vous voila presque marie.
DERIGNY.--Oui, mon general, je vous ai une vive reconnaissance d'avoir
bien voulu arranger la chose. Cette pauvre femme est reellement
touchante par sa tendresse pour mes enfants; je suis sur que je
l'aimerai, non pas comme ma pauvre Madeleine, mais comme l'ange
protecteur des enfants de Madeleine. Chers enfants! vont-ils etre
heureux! Quand je pense a leur joie, je voudrais, comme Mme Blidot,
pouvoir me marier demain. Et je vais suivre votre conseil, mon general:
demander au maire de nous afficher, au notaire de faire le contrat, et a
monsieur le cure de nous garder sa messe pour le lundi de la semaine qui
suivra celle dans laquelle nous entrons.
LE GENERAL, riant.--C'est agir en homme sage, mon ami. Vous etes presses
tous deux par vos enfants; finissez-en le plus tot possible. Allez, mon
cher, allez vite, de peur que maire et notaire vous echappent. Je
vous donne conge jusqu'au soir. Monsieur le cure veut bien me tenir
compagnie, et Moutier viendra si j'ai besoin de quelque chose. Je suis,
en verite, aussi presse que vous de voir le mariage fait et votre femme
etablie chez moi avec vous et vos enfants.
Derigny disparut et utilisa son temps: il ecrivit dans son pays pour
avoir les papiers necessaires, il arrangea tout avec le notaire et le
maire, puis il courut a l'Ange-Gardien, ou il arriva vers le soir, au
moment ou les enfants venaient de s'eveiller et demandaient a manger.
Mme Blidot accourut.
"Mes enfants, mes chers enfants, votre papa veut bien que je vi
|