veux ce que je veux. Envoyez-moi Derigny et les enfants; dites que je
desire qu'on s'en aille, et demandez au notaire de venir me parler.
Elfy baisa la main du general en signe de soumission et alla avec
Moutier executer ses ordres. Bientot la foule defila devant lui, et a
chacun il disait:
"A demain, a la mairie."
Il rappela au notaire qu'il couchait a l'auberge du General
reconnaissant.
"Votre chambre est prete, mon cher, ainsi que quelques autres pour les
invites eloignes."
Le notaire salua, serra la main que lui tendait le general et sortit
pour fumer en se promenant avec quelques amis avant de prendre
possession des chambres qui leur avaient ete preparees.
XXII
La noce.
Le general etait alle surveiller les apprets du festin pour le lendemain
et tous les preparatifs de la fete qui devait se terminer par un bal et
un feu d'artifice. A la nuit tombante il alla se coucher; la journee.
avait ete fatigante, il ronfla dix heures de suite sans bouger.
On se reunit a sept heures pour dejeuner; le bonheur etait sur tous les
visages.
ELFY.--Encore un remerciement a vous adresser, mon general; nous avons
trouve dans nos chambres nos toilettes pour ce matin.
LE GENERAL.--Trouvez-vous les votres a votre gout, Mesdames?
ELFY.--Charmantes, superbes, et cent fois au-dessus de ce que nous nous
serions donne si nous avions eu a les acheter, mon bon general.
LE GENERAL.--Je voudrais voir tout cela sur vous, ma petite Elfy, et je
veux voir aussi votre soeur en grande Toilette.
Les deux soeurs se retirerent avec les enfants, qui ne se possedaient
pas de joie de mettre les beaux habits, les brodequins vernis, les
chemises a manches a boutons, prepares pour eux.
Le general et Moutier resterent seuls; les regards de Moutier
exprimaient une profonde reconnaissance et un bonheur sans melange; il
renouvela ses remerciements en termes qui emurent le general.
"Soyez sur, mon ami, lui repondit-il, que votre bonheur me rend moi-meme
fort heureux; je ne me sens plus seul ni abandonne; je sais que tous
vous m'aimez malgre mes sottises et mes bizarreries. Le souvenir que
j'emporterai d'ici me sera toujours doux et cher. Mais il faut que, nous
aussi, nous pensions a notre toilette; il faut que nous nous fassions
beaux, vous le marie, et moi remplacant le pere de la mariee... et le
votre aussi, mon pauvre enfant." Moutier le remercia encore vivement et
ils se separerent, Derigny attendait le general pour aider a
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