rire qui le gagnait. Il remercia les
braves gens des bons renseignements qu'ils lui avaient donnes, continua
sa promenade et revint lestement a l'auberge par les derrieres sans etre
vu de personne. Il entra, regarda et approuva tout, encouragea par
des genereux pourboires les gens qui preparaient diverses choses a
l'interieur, et s'esquiva sans avoir ete apercu des habitants de
Loumigny.
XXI
Le contrat. Generosite inattendue.
Le lendemain etait le jour du contrat. Chacun etait inquiet a
l'Ange-Gardien; on ne voyait rien venir. Le general etait calme et
causant. On dejeuna, Jacques et Paul seuls etaient gais et en train.
Le general se leva et annonca qu'il etait temps de s'habiller. Chacun
passa dans sa chambre, et de tous cotes on entendit partir des cris
de surprise et de joie. Elfy et Mme Blidot avaient des robes de soie
changeante, simples, mais charmantes; des chales legers en soie brodee,
des bonnets de belle dentelle. Les rubans d'Elfy etaient bleu de ciel;
ceux de sa soeur etaient verts et cerise. Les cols, les manches, les
chaussures, les gants, les mouchoirs, rien n'y manquait. Moutier avait
trouve un costume bourgeois complet; Derigny de meme; Jacques et
Paul, de charmantes jaquettes en drap soutache, avec le reste de
l'habillement. Ils n'oublierent pas leurs montres; chacun avait la
sienne.
Les toilettes furent rapidement terminees, tant on etait presse de se
faire voir. Quand ils furent tous reunis dans la salle, le general
ouvrit majestueusement sa porte; a l'instant il fut entoure et remercie
avec une vivacite qui le combla de joie.
LE GENERAL;--Eh bien, mes enfants, croirez-vous une autre fois le vieux
Dourakine quand il vous dira: "Ayez confiance en moi, ne vous inquietez
de rien?"
--Bon! cher general! s'ecria-t-on de tous cotes.
LE GENERAL,--Je vous repete, mes enfants, ne vous tourmentez de rien;
tout sera fait et bien fait. A present, allons recevoir nos invites et
le notaire.
ELFY.--Ou ca, general? ou sont-ils?
LE GENERAL.--C'est ce que vous allez voir, mon enfant. Allons, en
marche! Par file a gauche!
Le general sortit le premier; il etait en petite tenue d'uniforme avec
une seule plaque sur la poitrine. Il se dirigea vers l'auberge Bournier,
suivi de tous les habitants de l'Ange-Gardien. Le general donnait
le bras a Elfy, Moutier a Mme Blidot; Derigny donnait la main a ses
enfants. Tout le village se mit aux portes pour les voir passer.
"Suivez, criait le general, je v
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