avail continuel le
rendait incapable d'accomplir une longue marche; Jacques, alors,
obtenait de Mme Blidot la permission de faire la course pour
Torchonnet, tandis que celui-ci se reposait au pied d'un arbre et
mangeait les provisions que lui envoyait. Mme Blidot.
VI
Surprise et bonheur.
Il y avait trois ans que Mme Blidot et sa soeur avaient les petits
orphelins; elles s'y attachaient chaque jour davantage, et ils
devenaient de plus en plus aimables et charmants. La tendresse de
Jacques pour son frere excitait l'interet de tous ceux qui en etaient
temoins. Paul aimait son frere avec la meme affection; tous deux etaient
tendrement attaches a Mme Blidot et a Elfy. Tous parlaient souvent avec
amitie et reconnaissance du bon M. Moutier; depuis longtemps on n'en
avait aucune nouvelle. Dans les premiers mois il etait revenu a deux
reprises passer avec Capitaine quelques jours a l'Ange-Gardien; il avait
ecrit plusieurs fois pour s'informer de ce qui s'y passait; Mme Blidot
lui avait exactement et longuement repondu, elle avait appris qu'il
quittait le pays pour s'engager; elle n'avait pas su d'autres details.
Pendant ce silence prolonge, la campagne de Crimee avait eu lieu; elle
s'etait terminee comme elle avait commence, avec beaucoup de gloire
et de lauriers; mais des deuils innombrables furent la consequence
necessaire de ces immortelles victoires. Au village de l'Ange-Gardien,
plus d'une famille pleurait un fils, un frere, un ami. Quelques-uns
revenaient avec une jambe ou un bras de moins, ou des blessures qui les
rendaient incapables de continuer leur service.
Un matin, Jacques et Paul balayaient le devant de la porte de
l'Ange-Gardien; Mme Blidot et Elfy preparaient le diner, lorsqu'un
homme, qui s'etait approche sans bruit, arreta doucement le balai de
Paul. Celui-ci se retourna et se mit a crier:
"Jacques, au secours! on me prend mon balai."
Jacques bondit vers son frere pour le defendre energiquement, lorsqu'un
regard jete sur le pretendu voleur lui fit abandonner son balai; il
se precipita dans les bras de l'homme en criant: "Maman! ma tante! M.
Moutier, notre bon M. Moutier!"
Mme Blidot et Elfy apparurent immediatement et se trouverent en face de
Moutier qui laissa Jacques et Paul pour donner un cordial bonjour a ses
deux amies. Ce fut un moment de grande joie. Tous parlaient a la fois et
faisaient mille questions sans donner le temps d'y repondre.
Maman! ma tante! voila M. Moutier!
Enfin, Mo
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