t le front. Vous
convenez enfin que je vaux vingt mille francs.
MOUTIER.--Oh! mon general! ma reconnaissance...
LE GENERAL.--Ta, ta, ta, il n'y a pas de reconnaissance! Je veux etre
paye par l'amitie du menage, et je commence par embrasser ma nouvelle
petite amie. Le general saisit Elfy et lui donna un gros baiser sur
chaque joue. Elfy lui serra les mains.
ELFY.--Merci, general, non pas des vingt mille francs que vous donnez
si genereusement a..., a..., comment vous appelez-vous? dit-elle a
Moutier en se retournant vers lui.
--Joseph, repondit-il en souriant.
--A Joseph alors, continua Elfy en riant; mais je vous remercie de
l'avoir decide a... Ah! mon Dieu! et moi qui n'ai rien dit a ma soeur!
Je m'engage sans seulement la prevenir.
Elfy partit en courant. Le general restait la bouche ouverte, les yeux
ecarquilles.
LE GENERAL.--Comment? Qu'est-ce que c'est? Sa soeur ne sait rien, et
elle-meme se marie sans seulement connaitre votre nom!
MOUTIER, riant.--Faites pas attention, mon general; tout ca va
s'arranger.
LE GENERAL.--S'arranger! s'arranger! Je n'y comprends rien, moi. Mais ce
que je vois, c'est qu'elle est charmante.
MOUTIER.--Et bonne, et sage, et pieuse, courageuse, douce.
LE GENERAL.--Etc., etc. Nous connaissons ca, mon ami. Je ne suis pas ne
d'hier. J'ai ete marie aussi, moi! une femme adorable, douce, bonne!...
Quel demon, sapristi! Si j'avais pu me demarier un an apres, j'aurais
saute par-dessus mon clocher dans ma joie.
MOUTIER, vivement.--J'espere, mon general, que vous n'avez pas d'Elfy
l'opinion...?
LE GENERAL, riant.--Non parbleu! Un ange, mon ami, un ange!
Moutier ne savait trop s'il devait rire ou se facher; l'air heureux
du general et sa face bouffie et marbree lui oterent toute pensee
d'irritation, et il se borna a dire gaiement:
"Vous nous reverrez dans dix ans, mon general, et vous nous retrouverez
aussi heureux que nous le sommes Aujourd'hui."
LE GENERAL, avec emotion.--Que Dieu vous entende, mon brave Moutier!
Le fait est que la petite est vraiment charmante et qu'elle a une
physionomie on ne peut plus agreable. Je crois comme vous que vous serez
heureux; quant a elle, je reponds de son bonheur; oui, j'en reponds;
car, depuis plusieurs mois que nous sommes ensemble...
Le general n'acheva pas et serra fortement la main de Moutier. Mme
Blidot entrait a ce moment, suivie d'Elfy et des enfants; Moutier courut
a Mme Blidot et l'embrassa affectueusement.
MOUT
|