c Elfy, sans doute; vous les trouverez dans la
salle.
Moutier sortit, ferma la porte et entra dans la salle. Elfy y etait avec
les enfants. Jacques se precipita au-devant de Moutier.
"Comme j'ai eu peur pour vous, mon cher bon ami! Quand j'ai entendu le
coup de pistolet, j'ai cru qu'on vous avait tue."
Moutier se baissa vers Jacques, l'embrassa a plusieurs reprises, puis,
s'approchant d'Elfy, il lui prit les mains et les serra en souriant.
Elfy le regardait avec une joyeuse satisfaction.
ELFY.--Et moi donc! quelle peur j'ai eue aussi, moi!
MOUTIER.--Une peur qui vous a donne le courage de tout braver. Vous,
vous n'avez pas hesite un instant! Votre air intrepide, lorsque vous
etes entree, m'a inspire un veritable sentiment d'admiration, et de
reconnaissance aussi, soyez-en certaine.
ELFY.--Je suis bien heureuse que vous soyez content de moi, cher
monsieur Moutier. J'avais bien peur d'avoir fait une sottise.
Moutier sourit.
"Il faut que j'aille voir la-bas ce qui se passe, dit-il; je tacherai
d'abreger le plus possible, et je verrai ce que devient le pauvre
Torchonnet."
JACQUES.--Voulez-vous que j'aille avec vous, mon bon ami? Cette fois il
n'y aura pas de danger.
MOUTIER.--Je veux bien, mon garcon; mais que ferons-nous de Torchonnet?
Si nous le menions chez le Cure?
ELFY.--Pourquoi ne l'ameneriez-vous pas ici?
MOUTIER.--Parce que votre maison n'est pas une maison de refuge, ma
bonne Elfy; d'ailleurs, savons-nous ce qu'est ce malheureux garcon, et
si sa societe ne serait pas dangereuse pour les notres? Si le cure veut
bien le garder, c'est tout ce qui pourrait lui arriver de plus heureux,
et ce serait un moyen de le rendre bon garcon, s'il ne l'est pas encore,
et plus tard un brave homme, un bon chretien.
ELFY.--Vous avez raison, toujours raison. Au revoir donc, et ne soyez
pas trop longtemps absent.
MOUTIER.--Le moins que je pourrai. Viens, Jacquot; a bientot, Elfy.
Moutier sortit, tenant Jacques par la main. En entrant dans l'auberge
Bournier, ils entendirent un concert de gemissements, d'imprecations et
de jurements; les blesses avaient repris connaissance; les braves du
village les avaient deja garrottes et les gardaient en se promenant
devant eux en long et en large; ils repondaient par des jurons et des
coups de pied aux injures que leur prodiguaient les prisonniers. Quand
Moutier entra dans la salle, il demanda si Torchonnet avait ete delivre;
on l'avait oublie, et Moutier alla ave
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