este au bucher en allant chercher du charbon.
MADAME BLIDOT.--Elfy! je t'assure que tu es trop hardie!
ELFY.--Non, non; il faut qu'il apprenne son service convenablement. Il
ne demanda pas mieux, c'est facile a voir; mais il ne sait pas; c'est
pourquoi il faut lui dire. MOUTIER.--Merci, mademoiselle Elfy, merci; je
vois combien vous etes bonne et que vous avez de l'amitie pour moi.
"Tu vois bien", dit Elfy triomphante, pendant que Moutier etait reparti
avec sa brassee de bois. Mme Blidot sourit en secouant la tete...
MADAME BLIDOT.--Pense donc que nous le connaissons depuis hier seulement
et que nous sommes chez nous pour servir les voyageurs et pas pour les
faire travailler.
ELFY.--Mais lui n'est pas un voyageur comme un autre: il nous a donne
ces enfants qui sont si gentils, et qui vont nous faire une vie si gaie,
si bonne! C'est un present, ca, qui se paye par l'amitie; et moi, quand
j'aime les gens, je les fais travailler. Il n'y a rien que je deteste
comme les gens qui ne font rien, qui vous laissent vous echiner sans
seulement vous offrir le bout du doigt pour vous aider. "Et vous avez
bien raison, mademoiselle Elfy, dit. Moutier, qui avait entendu ce
qu'elle disait a sa soeur. Et c'est vrai que Je ne suis pas un voyageur
comme un autre, car je vous dois de la reconnaissance pour la charge que
vous avez bien voulu prendre; et croyez bien que je ne suis pas d'un
caractere ingrat."
ELFY, souriant.--Je le vois bien, monsieur Moutier; vous n'avez pas
besoin de le dire; je suis fine, allez; je devine bien des choses.
Moutier sourit a son tour, mais il ne dit rien, et, prenant un balai, il
commenca a balayer la salle.
ELFY.--Laissez ce balai; prenez l'eponge et le torchon; quand vous aurez
lave et essuye la table et le fourneau, alors vous balayerez.
Moutier obeit de point en point. Quand il eut fini: "Mon commandant
est-il satisfait? dit-il en faisant le salut militaire. Que faut-il
faire ensuite?"
--Tres bien, dit Elfy apres avoir parcouru des yeux toute la salle. A
present, allez nous chercher du lait a la ferme ici pres, a la sortie du
village; je vous serais bien obligee si vous emmeniez les enfants avec
vous; ils connaitront le chemin et ils pourront aller chercher notre
lait quand vous serez parti.
Moutier prit la main de Jacques, qui tenait deja celle de Paul, et tous
trois se mirent gaiement en marche, sautant et riant.
"Du lait, s'il vous plait", dit Moutier a une grosse fermiere qui
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