enir meilleur.
MADAME BLIDOT.--Quant a ca, monsieur Moutier, vous avez tout l'air
d'etre aussi bon que n'importe qui. Mais nous venons, ma soeur et moi,
vous avertir que le diner est servi, voila bientot deux heures; les
enfants doivent avoir faim, et je pense que vous-meme ne serez pas fache
de manger un morceau.
MOUTIER.--Ceci est la verite; mon dejeuner est bien loin et ne fera pas
tort au diner.
Moutier salua Elfy, qu'il ne connaissait pas encore, et suivit les deux
soeurs dans la salle ou les attendaient les enfants. Paul avait bien
envie de toucher a ce qui etait sur la table, mais Jacques l'en
empechait.
"Attends, Paul; sois raisonnable; tu sais bien qu'il ne faut toucher a
rien sans permission."
PAUL.--Alors, Jacques, veux-tu donner permission?
JACQUES.--Moi, je ne peux pas, ce n'est pas a moi.
PAUL.--Mais c'est que j'ai faim, moi. Veux manger.
JACQUES.--Attends une minute; M. Moutier va venir, puis la dame, puis
l'autre, ils te donneront a manger.
PAUL.--Est-ce long, une minute?
JACQUES.--Non, pas tres long... Tiens, les voila qui Arrivent.
Tout le monde se mit a table; Jacques hissa son frere sur sa chaise et
s'assit pres de lui pour le servir. Moutier leur donna une petite tape
amicale, et ils se mirent tous a manger une soupe aux choux a laquelle
Moutier donna les eloges d'un connaisseur. Quand la soupe fut achevee,
Elfy voulut se lever pour placer sur la table un ragout de boeuf et de
haricots qui attendait son tour, mais Moutier la retint.
"Pardon, Mam'selle, ce n'est pas de regle que les dames servent les
hommes. Permettez que je vous en epargne la peine."
-Au fait, dit Mme Blidot en riant, vous etes un peu de la maison
depuis que vous nous avez donne ces enfants. Faites a votre idee, et
mettez-vous a l'aise comme chez Vous.
--Ma foi, madame Blidot, ce que vous dites est vrai; je me sens comme si
j'etais chez moi, et j'en use, comme vous voyez.
Le diner s'acheva gaiement. Jacques etait enchante de voir Paul manger a
s'etouffer. Apres le diner, Moutier les envoya s'amuser dehors; lui-meme
se mit a fumer; les deux soeurs s'occuperent du menage et servirent les
voyageurs qui s'arretaient pour diner; Moutier causait avec les allants
et venants et donnait un coup de main quand il y avait trop a faire.
Jacques et Paul se promenaient dans la rue; ils regardaient les rares
boutiques d'epicier, de boucher, boulanger, bourrelier; ils depasserent
le village et rencontrerent un pau
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