je me charge du chien; un vieil ami,
n'est-ce pas, Capitaine? Capitaine repondit en remuant la queue et en
lechant la main de son maitre. Moutier avait debarrasse Paul de la
blouse qui l'enveloppait et il l'avait pose a terre. Paul regardait tout
et tout le monde; il riait a Jacques, souriait a Moutier et embrassait
Capitaine. L'hotesse, qui avait de la soupe au feu, appretait le
dejeuner; tout fut bientot pret; elle assit les enfants sur des chaises,
placa devant chacun d'eux une bonne assiette de soupe, un morceau de
pain, posa sur la table du fromage, du beurre frais, des radis, de la
salade.
"C'est pour attendre le fricot, Monsieur; le fromage est bon, le beurre
n'est pas mauvais, les radis sont tout frais tires de terre, et la
salade est bien retournee."
Moutier se mit a table; Jacques et Paul, qui mouraient de faim, se
jeterent sur la soupe; Jacques eut soin d'en faire manger a Paul
quelques cuillerees avant que d'y gouter lui-meme. Paul mangea tout seul
ensuite, et le bon petit Jacques put satisfaire son appetit. Apres la
soupe il mangea et donna a Paul du pain et du beurre; ils burent du
cidre; puis vint un haricot de mouton aux pommes de terre. La bonne et
jolie figure de Jacques etait radieuse; Paul riait, baisait les mains de
Jacques toutes les fois qu'il pouvait les attraper. Jacques avait de son
frere les soins les plus touchants; jamais il ne l'oubliait; lui-meme ne
passait qu'en second. Moutier ne les quittait pas des yeux. Lui aussi
riait et se trouvait heureux. "--Pauvres petits! pensait-il, que
seraient-ils devenus si Capitaine ne les avait pas deniches? Ce petit
Jacques a, bon coeur! quelle tendresse pour son frere! quels soins il
lui donne! Que faire, mon Dieu! que faire de ces Enfants?"
L'hotesse aussi examinait avec attention les soins de Jacques pour son
frere et la belle et honnete physionomie de Moutier. Elle attendait
avec impatience l'explication que lui avait promise ce dernier, et lui
servait les meilleurs morceaux, son meilleur cidre et sa plus vieille
eau-de-vie. Moutier mangeait encore; les enfants avaient fini; ils
s'etaient renverses contre le dossier de leurs chaises et commencaient a
bailler.
"Allez jouer, mioches", leur dit Moutier.
-Ou faut-il aller, monsieur Moutier? demanda Jacques en sautant en bas
de sa chaise et en aidant Paul a descendre de la sienne.
MOUTIER.--Ma foi, je n'en sais rien. Dites donc, ma bonne hotesse, ou
allez-vous caser les petits pour qu'ils s'a
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