e comprend,
c'est parfait. Mais je me permettrai de repondre aux parties de son
article qui traitent de questions generales. Le mieux, pour s'entendre,
est encore de s'expliquer.
Remarquez que, dans toute polemique, une bonne moitie de la divergence
des opinions provient de malentendus. Je dis blanc, on entend noir. Je
raisonne d'apres un ensemble d'idees ou tout se tient, on detache un
alinea et on lui donne un sens auquel je n'ai jamais songe. De cette
facon, on peut marcher des annees cote a cote sans se comprendre.
Revenons donc sur tout cela, puisque je n'ai pas reussi a etre clair.
Un point qui me tient surtout au coeur, c'est de repondre au reproche
qu'on me fait d'insulter nos gloires. J'ai ecrit quelque part, apres
avoir constate que les oeuvres dramatiques contemporaines n'etaient pas,
selon moi, des chefs-d'oeuvre: "Les planches sont vides." La-dessus, M.
Sarcey se fache et me repond: "Les planches sont vides! Serieusement,
est-il permis a un homme, quelle que soit sa mauvaise humeur, de se
permettre une aussi extravagante monstruosite? Quoi! les planches
sont vides! et Augier vient de donner les _Fourchambault_, et l'on va
reprendre le _Fils naturel_, d'Alexandre Dumas, et l'on joue en ce
moment la _Cagnotte_, de Labiche, la _Cigale_, de Meilhac et Halevy, les
_Deux Orphelines_ de d'Ennery, et l'on annonce une comedie nouvelle de
Sardou!" Il parait que je suis d'une extravagance bien monstrueuse,
car, meme apres ce cri indigne, je repeterai tranquillement: "Oui, les
planches sont vides."
Seulement, ce que M. Sarcey neglige de dire, c'est que je ne me suis pas
eveille un beau matin, en trouvant cette affirmation, pour etonner
le monde. Elle est la consequence de toute une serie d'etudes, la
constatation finale d'un critique qui s'est mis a un point de vue
particulier. Certes, jamais les planches n'ont ete plus encombrees,
jamais on n'y a depense autant de talent, jamais on n'a produit un
si grand nombre de pieces interessantes. Cela n'empeche pas que les
planches soient vides pour moi, des que j'y cherche le genie et
le chef-d'oeuvre du siecle, l'homme qui doit realiser au theatre
l'evolution naturaliste que Balzac a determinee dans le roman, l'oeuvre
dramatique qui puisse se tenir debout, en face de la _Comedie humaine_.
Est-ce que j'ai jamais nie les grandes qualites de nos auteurs
contemporains, la carrure solide et simple de M. Emile Augier, les
etudes humaines de M. Alexandre Dumas fils, gatees m
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