ans ce personnage
la force de la foi. Vestaepor aide les amants a se sauver, parce qu'il
deteste Rome et qu'il croit a la colere des dieux; si les dieux n'ont
pas leur victime, ils consommeront la perte des Romains, ils vengeront
l'esclave et le reuniront a ses deux fils, qui combattent dans l'armee
d'Annibal. Ce personnage est d'invention ordinaire, legerement
melodramatique meme; mais je voulais le signaler, pour montrer l'idee de
foi et de patriotisme qui plane sur toute l'oeuvre.
Le succes a ete grand, surtout pour les deux derniers actes. Voici,
d'ailleurs, exactement le bilan de la soiree.
Un premier acte tres large, le Senat assemble pour deliberer apres la
defaite de Cannes, et l'arrivee de Lentulus, qui raconte la bataille
dans un long recit fortement applaudi. Un second acte dans le temple de
Vesta, decor superbe, mais action lente et d'interet mediocre; c'est la
qu'Opimia se trahit. Un troisieme acte dans le bois sacre de Vesta, le
moins bon des cinq; Opimia et Lentulus, aides par Vestaepor, se sauvent,
grace a un souterrain. Un quatrieme acte, d'une grande beaute; Opimia
est revenue se livrer, on la condamne, et Postumia la dispute a ses
juges. Enfin, un cinquieme acte, dont le denoument reste superbe, encore
un decor magnifique, le Champ Scelerat, avec le caveau ou l'on descend
le corps de la vestale tuee par l'aieule.
Le vers de M. Alexandre Parodi n'a pas, je le repete, la facture savante
de nos poetes contemporains. Il manque de lyrisme, cette flamme du vers
sans laquelle on semble croire aujourd'hui que le vers n'existe pas.
Quant a moi, je suis persuade que M. Alexandre Parodi a reussi justement
parce qu'il n'est pas un poete lyrique. Il fabrique ses hexametres en
homme consciencieux qui tient a etre correct; parfois, il rencontre
un beau vers, et c'est tout. Aucun souci de decrocher les etoiles.
Oserai-je l'avouer? cela ne me fache pas outre mesure. Il n'est pas
poete comme nous l'entendons depuis une cinquantaine d'annees; eh bien,
il n'est pas poete, c'est entendu. Mettons qu'il ecrit en prose. Ce qui
me blesse davantage, c'est l'amphigouri classique dans lequel il se
noie, et j'arrive ici a la seule querelle que je veuille lui faire.
Comment se fait-il qu'un jeune homme de trente-quatre ans, dit-on, un
ecrivain qui parait avoir une vaste ambition, puisse ainsi claquemurer
son vol dans une formule devenue grotesque? Je ne lui conseille pas,
ah! certes, non! de tomber dans l'autre formule, la
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