s, en regardant au fond des
choses, on apercoit des causes de trouble.
Comme Beio, a ce mot, avait fait un mouvement, le baron insista.
--Parfaitement, des causes de trouble, on peut meme dire de division.
Cela est sensible pour qui connait la vie. Aussi ce mariage
m'inquiete-t-il jusqu'a un certain point. J'aurais su qu'il devait se
faire, que j'aurais assurement presente mes doutes et mes observations,
avant qu'il fut decide, au prince Mazzazoli aussi bien qu'au colonel.
Mais a quoi bon des observations qui ne doivent servir a rien? Ce
mariage est arrete; ce ne sont pas des observations qui maintenant
pourront l'empecher, d'autant mieux qu'il est vivement desire des deux
cotes.
Beio s'etait rapproche du baron, montrant pour la premiere fois qu'il
s'interessait a ce qu'il entendait; mais ces derniers mots le firent se
retourner vers Flavie, qui, elle, ecoutait attentivement le baron, se
demandant ce que signifiaient ces paroles et a quel but elles tendaient,
car ce n'etait assurement pas un simple bavardage.
--Je dis que ce mariage est vivement desire des deux cotes, poursuivit
le baron, et c'est la ce qui me ferme la bouche. Le colonel aime
passionnement Carmelita, et cette passion s'explique: Carmelita est si
belle! D'autre part, le prince Mazzazoli est ebloui par la fortune du
colonel, et cet eblouissement se comprend, le colonel est si riche! Le
prince voulait un roi pour sa niece: il a trouve mieux, car le royaume
du colonel Chamberlain n'a rien a craindre des revolutions.
Le baron s'arrete, et s'adressant a Flavie:
--Excusez-moi, chere petite fille; je vous fais perdre votre temps, je
bavarde, et j'oublie que ce temps est precieux. Travaillez, mon enfant,
je vous prie; si je vous interromps encore, mettez-moi a la porte.
Et le baron n'interrompit plus, en effet, que par quelques paroles qui
se rapportaient a la lecon meme.
--Tres bien, cela ira, n'est-ce pas votre avis, monsieur Beio! Je n'en
dirais pas autant pour une Francaise; mais cette petite fille est
Allemande, et, grace a Dieu, les Allemands sont autrement organises pour
la musique que les Francais.
Cette observation arriva a propos pour rendre un peu d'esperance au
professeur, qui se disait deja qu'il n'avait rien a faire avec une
pareille eleve. Le baron avait peut-etre raison, c'etait une Allemande,
et, comme il partageait pleinement l'avis du baron sur le sentiment
musical des Francais, il se raccrocha a cette branche: il fallait vo
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