oncerts?
Et comme Flavie continuait a rire en secouant la tete:
--C'est au nom de ton pere que je te parle, dit-il.
Elle se leva vivement, et, se campant devant le baron, les bras croises:
--Vous savez, dit-elle, ce n'est pas a moi qu'il faut la faire,
celle-la; bonne pour la galerie, la balancoire de la paternite. Et puis
la, franchement, est-ce que si mon pauvre bonhomme de pere etait encore
de ce monde, il ne vous casserait pas les reins, o! monsieur la baron?
J'ose esperer que oui; car enfin qu'avez-vous fait de la fille de mon
pere? Soyez franc pendant cinq minutes, si vous pouvez.
--Je veux en faire une grande artiste.
--Il fallait commencer par la, c'etait peut-etre possible; maintenant il
est trop tard; et a qui la faute?
--Il n'est jamais trop tard.
--Ne faites donc pas le naif avec moi, vous savez que je ne m'y laisse
plus prendre. Pourquoi avez-vous eu l'idee de me faire donner des lecons
par Beio? Dites-moi la raison vraie.
--Pour que tu me donnes les nobles jouissances de l'art.
Elle se jeta de nouveau sur son canape en riant de plus belle.
--Non, non! criait-elle; impayable!
Le baron vint s'asseoir pres d'elle:
--Tu sais bien que je t'adore, dit-il, et je n'ai qu'un desir, qui est
de t'aimer plus encore, si cela est possible. Une seule chose peut faire
ce miracle: le talent.
--Ah! ca! je n'ai donc pas de talent?
--Si, si, tu en as beaucoup, et c'est justement pour que tu en aies
davantage. Cela te sera facile avec Beio; tu iras a l'Opera-Comique, a
l'Opera. Vois-tu l'affiche: _Debuts de mademoiselle Flavie Engel._ Cela
ne te dit rien.
--Apres tout, pourquoi pas?
--Un peu de travail, et tu arrives; Beio est un excellent professeur,
qui a fait des prodiges en ce genre. Jusqu'a present tu as eu les succes
d'une petite fille, mais tu vas devenir une femme; avec l'age, il te
faut d'autres succes, plus grands, plus beaux et, si tu le veux, tu les
auras.
Elle parut reflechir un moment; puis, s'appuyant sur son coude et
regardant le baron dans les yeux:
--Vous y tenez donc bien a ces lecons?
--Beaucoup, je t'assure.
--Alors, qu'est-ce que vous me les payez l'heure?
--Comment! ce que je te les paye?
--Qu'est-ce qui aura a s'ennuyer, a travailler, a s'exterminer?
--Mais il me semble....
--Pour qui aurais-je tout ce mal?
--Pour toi.
--Pour vous donner les nobles jouissances de l'art, comme vous dites.
--Sans doute, mais....
--Combien estimez-vous que
|