appelait Wimpffen a Paris, ordonnait au
regiment des dragons de la Manche, stationne dans la Normandie, de partir
sur-le-champ pour se rendre a Versailles. A cette nouvelle, tous les
federes deja rassembles a Evreux se mirent en bataille, la garde nationale
se joignit a eux, et on ferma aux dragons le chemin de Versailles.
Ceux-ci, ne voulant pas en venir aux mains, promirent de ne pas partir, et
fraterniserent en apparence avec les federes. Les officiers ecrivirent
secretement a Paris qu'ils ne pouvaient obeir sans commencer la guerre
civile. On leur permit alors de rester.
L'assemblee de Caen decida que les bataillons bretons deja arrives
seraient diriges de Caen sur Evreux, rendez-vous general de toutes les
forces. On expedia sur ce point des vivres, des armes, des munitions, des
fonds pris dans les caisses publiques. On y envoya des officiers gagnes a
la cause du federalisme, et beaucoup de royalistes caches qui se jetaient
dans tous les soulevemens, et prenaient le masque du republicanisme pour
combattre la revolution. Parmi les contre-revolutionnaires de cette espece
etait le nomme Puisaye, qui affichait un grand zele pour la cause des
girondins, et que Wimpffen, royaliste deguise, nomma general de brigade,
et chargea du commandement de l'avant-garde deja reunie a Evreux. Cette
avant-garde pouvait s'elever a cinq ou six mille hommes, et s'augmentait
tous les jours de nouveaux contingens. Les braves Bretons accouraient de
toutes parts, et annoncaient d'autres bataillons qui devaient les suivre
en plus grand nombre. Une circonstance les empechait de venir tous en
masse, c'etait la necessite de garder les cotes de l'Ocean contre les
flottes anglaises, et d'envoyer des bataillons contre la Vendee, qui
debordait deja jusqu'a la Loire, et semblait prete a la franchir. Quoique
les Bretons des campagnes fussent devoues au clerge, ceux des villes
etaient republicains sinceres, et, tout en combattant Paris, ils n'en
voulaient pas moins continuer une guerre opiniatre contre la Vendee.
Telle etait la situation des choses dans la Bretagne et la Normandie, vers
les premiers jours de juillet. Dans les departemens voisins de la Loire,
on s'etait ralenti; des commissaires de la convention, qui se trouvaient
alors sur les lieux pour diriger les nouvelles levees sur la Vendee,
avaient engage les administrateurs a attendre les evenemens avant de se
compromettre davantage. La, pour le moment, on ne songeait plus a envoyer
des depute
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