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justifiee.
Par surcroit de precautions, le chef de l'escorte fit faire a sa troupe
une infinite de detours par les petites rues qui avoisinaient la place,
evitant avec soin toutes celles ou il percevait les bruits de la
bagarre. En outre, comme le chevalier, entrave par des liens tres
serres, ne pouvait avancer qu'a tous petits pas, il se trouva qu'il
fallut une grande heure pour arriver a ce couvent San Pablo, qu'on eut
pu atteindre en quelques minutes.
En ce qui concerne l'emeute, nous dirons qu'elle tourna rapidement en
lamentable echauffouree et qu'elle fut reprimee avec cette impitoyable
cruaute que Philippe II savait montrer quand il etait sur d'avoir le
dessus.
Et ce fut la une des plus grandes erreurs de Fausta, chef occulte de
cette vaste entreprise qui echoua piteusement et fut noyee dans le sang.
Devant les hesitations du Torero, de celui qui, pour elle, etait le
prince Carlos, elle avait commis la faute impardonnable de modifier son
plan.
Elle se croyait sure de voir le prince venir a elle, resolu a lui donner
son nom, et a partager avec elle le trone, pourvu qu'elle le hissat sur
ce trone. Elle se croyait sure de cela. Elle n'en eut pas jure cependant
C'est alors qu'elle eut cette idee malheureuse, qui devait consommer la
ruine de ses ambitions, de modifier ses idees premieres.
Que lui servirait-il de pousser son succes a fond et de consommer la
ruine de Philippe II si le prince dedaignait ses propositions? Elle
pensait bien que le prince ne pousserait pas la folie jusque-la. C'etait
possible, apres tout. Qu'arriverait-il alors?
Au lieu d'aller de l'avant et de s'engager a fond, il fallait montrer
a ce prince de quoi elle etait capable et de quelles forces elle
disposait. Nul doute que, lorsqu'il aurait vu et compris, il ne revint
humble et soumis. Alors, il serait temps d'entreprendre en toute
assurance l'action definitive.
Ce plan ainsi modifie fut execute a la lettre. Le Torero fut enleve
par ses partisans sans qu'il fut possible aux troupes royales de
l'approcher. Et l'emeute se dechaina dans toute son horreur.
Le but que Fausta se proposait se trouva atteint. Alors, les chefs du
mouvement, qui etaient dans la confidence, firent circuler l'ordre de la
retraite et s'eclipserent, bientot poursuivis de leurs hommes.
Alors, il ne resta plus en presence des troupes royales que le bon
populaire, celui qui ne savait rien des dessous de cette affaire.
Alors aussi, ce fut la boucherie
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