as pas.
"Ouais! pensa le chevalier. Que signifie cette nouvelle enigme? Je
la verrai: donc j'ai des chances de ne pas mourir et de ne pas etre
aveugle, comme je l'ai craint un instant. Bon! Je suis moins mal loti
que je ne pensais. Mais je ne la reconnaitrai pas. Que veut dire ce
"Tu ne me reconnaitras pas"? Quelle menace se cache sous ces paroles,
insignifiantes en apparence? Bah! je le verrai bien."
Et, tout haut, avec son plus gracieux sourire:
--Il faudra donc que vous soyez bien meconnaissable! Peut-etre
serez-vous devenue une femme comme toutes les femmes... avec un peu de
coeur et de bonte. S'il en est ainsi, je confesse qu'en effet vous serez
si bien changee qu'il se pourrait que je ne vous reconnaisse pas.
Fausta le considera une seconde, droit dans les yeux. Il soutint le
regard avec cette ingenuite narquoise qui lui etait particuliere.
Comprit-elle qu'elle n'aurait pas le dernier mot avec lui? Etait-elle
lasse du violent combat qui s'etait livre dans son esprit? Toujours
est-il qu'elle se contenta de faire un signe de tete et revint se placer
aupres de d'Espinosa, qui avait assiste, muet et impassible, a cette
scene.
--Conduisez le prisonnier au couvent San Pablo, ordonna le grand
inquisiteur.
--Au revoir, princesse! cria Pardaillan, qu'on entrainait.
XIII
LES AMOURS DU CHICO
Le couvent de San Pablo etait situe si pres de la place San Francisco
qu'autant vaudrait dire qu'il donnait sur cette place meme.
En temps ordinaire, Pardaillan et son escorte eussent ete pour ainsi
dire tout rendus. Il ne faut pas oublier qu'on se battait toujours sur
la place, et un homme froid et methodique comme d'Espinosa ne pouvait
commettre l'imprudence de faire traverser cette place a son prisonnier
en pareil moment.
Pardaillan etait encadre de deux compagnies d'arquebusiers. Non pas que
le chevalier, ligote comme il l'etait, inspirat des craintes au grand
inquisiteur. Mais, precisement, ces precautions, qui eussent pu paraitre
ridicules en temps normal, devenaient necessaires, si l'on songe que
le prisonnier et son escorte pouvaient avoir a passer au milieu des
combattants. Dans la melee, le prisonnier pouvait recevoir quelque coup
mortel, et nous savons que d'Espinosa tenait essentiellement a le garder
vivant. Il pouvait encore--ce qui eut ete plus facheux encore--etre
delivre par les rebelles qui pouvaient le prendre pour l'un des leurs.
La necessite d'une imposante escorte se trouvait donc ampleme
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