t sur ses mains et son visage etait effrayant a voir. Mais ce
n'etait que des ecorchures insignifiantes. A differentes reprises, on le
vit soulever des grappes entieres de soldats pendus a ses bras, a ses
jambes, a sa ceinture. Puis, a bout de souffle et de force, ecrase par
le nombre sans cesse grandissant des assaillants, il finit par plier sur
ses jambes et tomba a terre.
...C'etait fini. Il etait pris.
Mais, les bras et les jambes meurtris par les cordes, il apparaissait
encore si terrible, si etincelant que, malgre qu'il fut impossible
d'esquisser un geste, tant on avait multiplie les liens autour de son
corps, une dizaine d'hommes le maintenaient, de leurs poignes rudes, par
surcroit, cependant que les autres formaient le cercle autour de lui.
Il etait debout, cependant. Et son oeil froid et acere se posait avec
une fixite insoutenable sur Fausta, qui assistait, impassible, a
cette lutte gigantesque d'un homme aux prises avec des centaines de
combattants.
Quand elle vit qu'il etait bien pris, bien et dument ficele des pieds
jusqu'aux epaules, reduit enfin a l'impuissance, elle s'approcha
lentement de lui, ecarta d'un geste hautain ceux qui le masquaient a sa
vue, et, s'arretant devant lui, si pres qu'elle le touchait presque,
elle le considera un long moment en silence.
Elle triomphait enfin! Enfin, elle le tenait a sa merci!
En la voyant s'approcher, Pardaillan avait cru qu'elle venait jouir
de son triomphe. Malgre les liens qui lui meurtrissaient la chair et
comprimaient sa poitrine au point de gener la respiration, malgre la
pesee, violente de ceux qui le maintenaient, il s'etait redresse en
songeant:
--Mme la Papesse veut savourer toutes les joies de sa victoire... Jolie
victoire!... Un abominable guet-apens, une felonie, une armee lachement
mise sur pied pour s'emparer d'un homme!...
En secouant frenetiquement la grappe humaine pendue a ses epaules, il
s'etait redresse, avait leve la tete, l'avait fixee avec une insistance
agressive, une pointe de raillerie au fond de la prunelle, la narguant
de toute son attitude en attendant qu'elle lui donnat l'occasion de lui
decocher quelqu'une de ces mordantes repliques dont il avait le secret.
Fausta se taisait toujours.
Dans son attitude, rien de provoquant, rien du triomphe insolent qu'il
s'attendait a trouver en elle, et, dans ses yeux, qu'il s'attendait a
voir brillants d'une joie insultante, Pardaillan, deconcerte, ne lut
qu'indecision et tri
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