e choc du fer contre le fer, les coups de feu, le
haletement rauque des corps a corps, les plaintes des blesses, et,
par-ci par-la, couvrant l'effroyable tumulte, une formidable clameur
eclatait, a la fois cris de ralliement et acclamation:
"Carlos! Carlos! Vive le roi Carlos!"
Tout de suite, Pardaillan remarqua qu'on le laissait patiemment user ses
forces, sans lui rendre ses coups. Les paroles de Bussi-Leclerc a Fausta
lui revinrent a la memoire, et, en continuant son horrible besogne, il
songea:
"Ils me veulent vivant... J'imagine que Fausta et son digne allie,
d'Espinosa, ne veulent pas que la mort puisse me soustraire aux tortures
qu'ils ont resolu de m'infliger!"
Et, comme ses bras, a force de servir de massues, sans arret ni repos,
commencaient a eprouver une raideur inquietante, il ajouta:
"Pourtant, ceux-ci ne vont pas se laisser assommer passivement jusqu'a
ce que je sois a bout de souffle. Il faudra bien qu'ils se decident a
rendre coup pour coup."
Il raisonnait avec un calme admirable en semblable occurrence, et il lui
apparaissait que, le mieux qu'il put lui advenir, c'etait de recevoir
quelque coup mortel qui l'arracherait au supplice qu'on lui reservait.
Il ne se trompait pas dans ses deductions. Les soldats, en effet,
commencaient a s'enerver. Aux coups methodiquement assenes par
Pardaillan, ils repondirent par des horions decoches au petit bonheur.
Il eut, sans nul doute, recu le coup mortel qu'il souhaitait, si une
voix imperieuse n'avait arrete net ces tentatives timides, en ordonnant:
"Bas les armes, droles!... Prenez-le vivant!"
En maugreant, les hommes obeirent. Mais, comme il fallait enfin en
finir, comme la patience a des limites et que la leur etait a bout, sans
attendre des ordres qui tardaient trop, ils executerent la derniere
manoeuvre: c'est-a-dire que les plus rapproches sauterent, tous
ensemble, d'un commun accord, sur le chevalier, qui se vit accable par
le nombre.
Il essaya une supreme resistance, esperant peut-etre trouver la brute
excitee qui, oubliant les instructions recues, lui passerait sa dague au
travers du corps. Mais, soit respect de la consigne, soit conscience de
leur force, pas un ne fit usage de ses armes. Par exemple, les coups de
poing ne lui furent pas menages, pas plus qu'il ne menageait les siens.
Un long moment, il tint tete a la meute, en tout pareil au sanglier
accule et coiffe par les chiens. Ses vetements etaient en lambeaux, du
sang coulai
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