ta de faire le signe
attendu par les officiers qui commandaient les troupes.
A ce signal, les soldats s'ebranlerent en meme temps, dans toutes les
directions, resserrant autour du chevalier le cordon de fer et d'acier
qui l'emprisonnait.
Il lui fut impossible d'approcher du groupe au milieu duquel se tenaient
Fausta et le grand inquisiteur. Il renonca a les poursuivre pour faire
face a ce nouveau danger. Il comprenait que, si la manoeuvre des troupes
se prolongeait, il lui serait bientot impossible de faire un mouvement,
et, si la poussee formidable persistait aussi methodique et obstinee, il
risquait fort d'etre presse, etouffe, sans avoir pu esquisser un geste
de defense. Il grommela, s'en prenant a lui-meme de ce qui arrivait,
comme il avait l'habitude de faire:
"Si seulement j'avais la dague que j'ai stupidement jetee apres avoir
estoque ce taureau!"
Il eut aussi bien pu regretter l'epee de Bussi qu'il venait de briser a
l'instant meme. Mais il n'avait garde de le faire, et, en cela, il etait
logique avec lui-meme. En effet, cette epee, il ne l'avait conquise que
pour se donner la satisfaction d'en jeter les troncons a la face du
maitre d'armes.
Cependant, malgre ses regrets et les invectives qu'il se dispensait
genereusement, il observait les mouvements de ses assaillants avec cette
froide lucidite qui engendrait chez lui les promptes resolutions.
Se voyant serre de trop pres, il resolut de se donner un peu d'air. Pour
ce faire, il projeta ses poings en avant avec une regularite d'automate,
une precision pour ainsi dire mecanique, une force decuplee par le
desespoir de se voir irremediablement perdu, pivotant lentement sur
lui-meme, de facon a frapper alternativement chacune des unites les plus
rapprochees du cercle qui se resserrait de plus en plus.
Et chacun de ses coups etait suivi du bruit mat de la chair violemment
heurtee, d'une plainte sourde, d'un gemissement, parfois d'un juron,
parfois d'un cri etouffe.
Et, a chacun de ses coups, un homme s'affaissait, etait enleve par ceux
qui venaient derriere, passe de main en main, porte sur les derrieres du
cercle infernal ou on s'efforcait de le ranimer.
Et, pendant ce temps, l'emeute dechainee se deroulait comme un torrent
impetueux. Partout, sur la piste, sur les gradins, sur le pave de la
place, dans les rues adjacentes, c'etait des soldats aux prises avec le
peuple excite, conduit, guide par les hommes du duc de Castrana.
Partout, c'etait l
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