it, il s'etait trace une ligne de conduite
sur ce point special, et il la suivait imperturbablement, sans se
soucier du reste.
Se voyant desarme une fois de plus, mais pas de la meme maniere que les
fois precedentes, Bussi-Leclerc croisa ses bras sur sa poitrine et,
retrouvant sa bravoure accoutumee, d'une voix qu'il s'efforcait de
rendre railleuse, il grinca:
--Tue-moi! Tue-moi donc!
De la tete, furieusement, Pardaillan fit: non! et, d'une voix
claironnante:
--Jean Leclerc, tonna-t-il, j'ai voulu t'amener a cette supreme lachete
de tirer le fer contre un homme desarme. Et tu y es venu, parce que
tu as l'ame d'un faquin. Cette epee, avec laquelle tu menacais de me
souffleter, tu es indigne de la porter.
Et, d'un geste violent, il brisait sur son genou la lame en deux, et en
jetait les troncons aux pieds de Bussi-Leclerc, livide, ecumant.
Et ceci encore apparaissait comme une bravade si folle que d'Espinosa
murmura:
--Orgueil! orgueil! Cet homme est tout orgueil!
--Non, fit doucement Fausta, qui avait entendu. C'est un fou qui ne
raisonne pas ses impulsions.
Ils se trompaient tous les deux.
Pardaillan reprenait, de sa voix toujours eclatante:
--Jean Leclerc, j'ai tenu ton soufflet pour recu. Je pourrais
t'etrangler, tu ne peses pas lourd dans mes mains. Je te fais grace de
la vie, Leclerc. Mais, pour qu'il ne soit pas dit qu'une fois dans
ma vie je n'ai pas rendu coup pour coup, ce soufflet, que tu as eu
l'intention de me donner, je te le rends!...
En disant ces mots, il happait Bussi a la ceinture, le tirait a lui
malgre sa resistance desesperee, et sa main gantee, largement ouverte,
s'abattit a toute volee sur la joue du miserable, qui alla rouler a
quelques pas, etourdi par la violence du coup, a moitie evanoui de honte
et de rage, plus encore que par la douleur.
Cette execution sommaire achevee, Pardaillan s'ebroua comme quelqu'un
qui vient d'achever sa tache, et, du bout des doigts, avec des airs
profondement degoutes, il enleva ses gants et les jeta, comme il eut
jete une ordure repugnante.
Ceci fait, avec ce flegme imperturbable qui ne l'avait pas quitte durant
toute cette scene, il se tourna vers Fausta et d'Espinosa, et, son
sourire le plus ingenu aux levres, il se dirigea droit sur eux.
Mais, sans doute, ses yeux parlaient un langage tres explicite, car
d'Espinosa, qui ne se souciait pas de subir une avanie semblable a celle
de Bussi qu'on emportait hurlant de desespoir, se ha
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