ire abordee a la baionnette est
enlevee et les troupes royales sont rejetees vers le rivage. Mais la,
chaque champ est une redoute qu'il faut forcer. Ces diables de haies
sont infranchissables. Il faut les abattre a coups de crosse et couper
les cactus a coups de sabre. L'ennemi, en fuyant, a abandonne une piece
sur la route, le general Garibaldi, qui en ce moment n'a aupres de lui
que Missori et deux ou trois guides, l'apercoit, et on s'empresse de la
jeter dans le fosse, ne pouvant l'emmener; car, au meme moment, une
dizaine de braves lanciers de l'armee napolitaine faisaient une charge
pour tacher de degager leur piece et de la ramener. Apres avoir parcouru
deux ou trois cents metres et passe a cote de Garibaldi et de ses
compagnons sans y prendre garde, ils revenaient, renoncant a l'espoir de
retrouver leur canon, lorsqu'ils apercurent le general et se
precipiterent, la lance baissee, sur le petit groupe d'hommes qui
l'entourait.--Pends-toi, brave Dumas, tu n'etais pas la pour raconter ce
combat digne de d'Artagnan!--D'un coup de revers de sabre, le general
Garibaldi abat presque la tete du major qui commandait les lanciers.
Missori tue le second et le troisieme. Les autres s'espadonnent avec les
guides. En resume, huit lanciers et huit chevaux restent sur le carreau
et le Dictateur s'elance vers de nouveaux hasards.
Les volontaires avancent toujours avec intrepidite, les Napolitains ne
cedent que pied a pied. Les terrains conquis sont couverts de morts et
de blesses parmi lesquels il y a bien plus de volontaires que de soldats
royaux. Ou arrive enfin aux roseaux ou l'on se bat a bout portant.
Encore refoules, les Napolitains se precipitent vers l'isthme et le
pont, suivis de pres par les Garibaldiens. Mais a ce moment, la batterie
du pont se demasque et fait pleuvoir sur ceux-ci une grele de mitraille.
C'est la que leurs pertes furent le plus sensibles. Il est impossible
d'aller de l'avant sous cette pluie de biscaiens et cependant un plus
long temps d'arret compromet le succes de la journee. Le Dictateur
parait et, en meme temps que le cri de Vive Garibaldi! sort de toutes
les bouches, toutes les poitrines s'elancent au feu; la batterie est
escaladee, quelques pieces, attelees a la hate, fuient au galop de leurs
chevaux; mais deux canons restent au pouvoir des assaillants. Les uns
et les autres arrivent pele-mele sur l'isthme. De tous cotes la ville
est envahie. Pourchasses dans les rues, les royaux se hatent de
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