dans d'autres bataillons avec lesquels ils durent marcher bon gre mal
gre. Du reste, une grande preuve de la froideur de cette nation pour le
metier des armes, c'est la mauvaise humeur generale avec laquelle fut
accueilli le decret de la conscription, et l'opposition qu'il souleva
dans toutes les villes et campagnes de la Sicile. Le discours que le
Dictateur prononca, en faisant ses adieux a Messine, et que l'on
trouvera plus loin, vient lui-meme attester que c'etait avec peine que
la jeunesse endossait le baudrier.
Neanmoins, de Palerme a Messine, ce n'etait qu'une suite non
interrompue de detachements de volontaires accourus de divers points du
continent; la plupart de ces detachements etaient tres-nombreux et
allaient le plus vite possible rejoindre l'armee meridionale.
Presque tous ces convois arrivaient de Genes, diriges par Bertani et
sous le commandement de leurs officiers particuliers. C'etaient, en
grande partie, des soldats et des officiers piemontais, lombards,
toscans et florentins, ainsi que quelques Venitiens, mais en petite
quantite. Tous, generalement, etaient assez bien equipes et armes.
Une foule de decrets parurent a Messine des l'arrivee du Dictateur. Les
plus importants furent une suite d'arrets des plus severes contre tout
attentat a la vie, aux biens ou a la surete individuelle de quelque
individu que ce fut, y compris tous les employes de l'ancien
gouvernement, meme les sbires. Presque chacune des infractions a ce
decret etait justiciable des conseils de guerre, dont le jugement,
executoire dans les vingt-quatre heures, entrainait la peine capitale.
Les autres decrets avaient principalement rapport a la garde nationale,
aux finances et aux fournitures des troupes. Il serait trop long de les
enumerer.
Des le lendemain de son arrivee a Messine, le Dictateur, avec la fixite
d'idees qui lui est particuliere, commencait les preparatifs du
debarquement en Calabre. Pour cela, il fallait non-seulement une base
d'operations qui etait la Sicile tout entiere, mais un point de depart.
Messine, devenue une ville neutre, bien que la circulation des pavillons
des deux partis y fut autorisee, ne pouvait convenir. De plus, l'ennemi
aurait trop facilement su tout ce qui s'y passait. On choisit donc le
Faro.
Le Faro est un village situe a l'extremite d'une pointe de sable a
laquelle il a donne son nom et qui, lorsqu'on arrive a Messine par le
Nord, se trouve a droite de l'entree du detroit. Deux etangs d
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