s qui servait d'arriere-garde. Le
demi-bataillon de gauche de Menotti etait deploye en eclaireurs sur le
flanc droit de la colonne. Quoiqu'il fit une chaleur atroce, on marchait
gaiement et en chantant comme s'il s'agissait simplement d'un changement
de garnison. De toutes parts les habitants accouraient, saluant la
colonne de mille vivat. On marcha ainsi jusqu'a sept heures du matin, et
on prit un moment de repos dans un endroit ou la route se dissimule
entre deux collines. A onze heures et demie, on arrivait au petit
village de San-Lazaro ou l'on s'arreta pour se reposer jusqu'a la nuit
tombante. Des grand'gardes avaient ete placees assez loin en avant du
village, et les volontaires avaient recu l'ordre de ne pas s'eloigner un
instant de leurs faisceaux. A sept heures du soir, la petite armee
quittait San-Lazaro, se dirigeant directement sur Reggio. A minuit, on
faisait halte, et le general Garibaldi, ayant reuni les generaux et les
officiers superieurs, prenait ses dispositions d'attaque. Il fut decide
qu'on changerait de route, et qu'on prendrait a travers champs vers la
montagne. A trois heures du matin, on descendit sur les faubourgs de
Reggio, et a trois heures et demie, la fusillade s'engageait avec
quelques compagnies napolitaines postees sur la route, qui furent
rapidement mises en deroute par deux bataillons garibaldiens et faites
presque entierement prisonnieres. Le bataillon de chasseurs genois de
Menotti se precipita au pas de course dans les rues du faubourg, appuye
par la premiere brigade. En un instant, le bataillon napolitain qui
l'occupe, quoique embusque dans les maisons, les vignes et les jardins,
est refoule vers la ville ou il se hate de se refugier. Les Garibaldiens
y entrent pele-mele avec lui. Vers midi, le fort de la Marine, situe au
bord de la mer et arme de seize pieces de canon de gros calibre, ouvrait
ses portes, baissait son pont-levis et se rendait avec armes et bagages
sans bruler une amorce.
Ce fort n'etait, a proprement parler, qu'une batterie dirigee contre la
mer, mais fermee a la gorge par une muraille bien crenelee, percee de
plusieurs embrasures armees d'obusiers et de pieces de 12. Le general
Garibaldi s'y reposa quelques instants, puis, se mettant a la tete de la
deuxieme brigade, il fit un mouvement de flanc pour tourner les hauteurs
du chateau. Le general Bixio venait d'etre blesse legerement au bras
gauche, il avait eu son cheval tue sous lui et son revolver casse a sa
cein
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