provisoirement le commandement.
La brigade de Cosenz, aussitot les Napolitains repousses, continua son
mouvement en laissant Solano sur la gauche, et gagna les hauteurs pour
arriver au-dessus de San-Giovanni, tournant ainsi completement les
positions napolitaines qui ne devaient pas tarder a etre attaquees de
front par le general Garibaldi.
Le 22 au matin, pendant que ce mouvement s'executait, un singulier
evenement se passait au Faro. Une grande fregate napolitaine a helice,
de soixante canons, entrait dans le detroit et venait reconnaitre, a
petite distance, les batteries du Faro avec lesquelles elle engageait
une violente canonnade qui dura plus d'une demi-heure. Quelques instants
apres, un vapeur a helice francais, rangeant les cotes de Calabre, se
presentait aussi a l'entree du detroit et etait recu a coups de canon
par le Faro. Ce ne fut qu'au dix-huitieme coup que les canonniers
reconnurent leur erreur et cesserent le feu. Le lendemain 23, au matin,
le _Prony_ arrivait sur rade de Messine, et une demande de satisfaction
etait envoyee au commandant en chef de Messine. A midi, le _Descartes_
appareillait avec le _Prony_ pour aller mouiller sous le Faro et etre
pret a agir si pareil evenement se renouvelait.
Mais le general Tuerr, commandant le Faro, s'etait hate de repondre a la
reclamation de notre consul a Messine, M. Boulard, et de lui transmettre
ses profonds regrets pour l'erreur qui avait eu lieu bien
involontairement. Au milieu du feu et sans longue vue, on n'avait pu
distinguer le pavillon francais, car celui des Napolitains, meme a
petite distance, permet a peine d'apercevoir les armoiries jaunes
frappees sur le blanc du pavillon; en outre, les canonniers etaient sous
l'influence de l'indignation causee par la conduite sans precedent de la
fregate napolitaine, le _Borbone_, qui, arrivee dans le detroit sous
pavillon francais, avait tranquillement reconnu les batteries, pris une
position avantageuse pour les attaquer, et commence un feu meurtrier sur
des hommes occupes sans defiance a la regarder. Ce n'est qu'a la
deuxieme bordee que le pavillon francais avait ete amene et remplace par
la banniere napolitaine. Sans prendre positivement ce fait pour excuse,
le general offrait la plus ample satisfaction au commandant francais,
tout en fletrissant la conduite du batiment de guerre napolitain qui
n'avait pas craint, en enfreignant toutes les lois maritimes
internationales, d'etre la cause de l'exasperatio
|