-Giovanni, appelee aussi
affaire du camp de Piala, une manoeuvre parfaitement entendue et encore
mieux executee par les soldats de l'armee nationale, peu experimentes
cependant.
C'est a peine si le chiffre reuni des deux corps de Garibaldi et de
Cosenz s'elevait a quatre mille hommes. Ils attaquaient, sans
sourciller, un ennemi fort de plus du double et dans de superbes
positions. A quoi donc, la comme dans la marine, attribuer un semblable
sauve-qui-peut? Ce qu'il y eut de facheux encore pour l'armee royale,
c'est que, parmi les troupes de Piala, se retrouvaient bon nombre des
officiers de Milazzo qui ne devaient cependant plus servir pendant la
guerre. La seule victime de cette affaire fut un pauvre soldat qui,
arborant le pavillon parlementaire sur une petite maison blanche
vis-a-vis les tirailleurs napolitains, fut tue d'un coup de fusil, ce
qui faillit singulierement embrouiller les choses.
En fait, y eut-il capitulation, oui ou non? Il parait que oui, puisqu'il
y a eu pavillon parlementaire, et puisqu'a la suite de cette
capitulation le general Garibaldi laissa ces inoffensifs guerriers se
retirer tranquillement par toutes les routes possibles, avec leurs
effets personnels mais sans armes ni sacs. Seulement ce qu'il y a de
plus positif encore, c'est, que les plus desireux de s'en aller, ceux
qui savaient par experience qu'un coup de feu maladroit entraine une
affaire, meme contre la volonte des deux partis opposes, commencerent
bien certainement la deroute avant que les articles de la capitulation
ne fussent ni clos ni signes.
Vers les six heures du soir la plage etait couverte de fuyards
napolitains qui y bivouaquerent. Quant a la route royale, c'etait une
longue procession du meme genre gagnant en toute hate la petite ville de
Scylla.
Le lendemain matin 24, de bonne heure, et a l'instant ou les
avant-gardes de l'armee nationale arrivaient a la hauteur des forts
d'Alta-Fiumare et de la Torre del Cavallo, ceux-ci arboraient pavillon
blanc et demandaient a se rendre aux memes conditions que l'armee de
San-Giovanni, ce qui leur fut octroye sans la moindre difficulte.
Le soir, l'armee de Cosenz, celle de Garibaldi, et toutes les troupes du
Faro qui ne cessaient de passer d'un bord du detroit a l'autre,
campaient autour de Scylla, et la Bagnara, qui est a onze kilometres
plus loin et sur le bord de la mer, etait occupee par une avant-garde.
Ce meme soir, on put assister a un spectacle splendide. Les deux
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