artir de ce jour, il est bien difficile de
pouvoir suivre les mouvements de l'armee liberatrice non plus que de
celle des Napolitains.
Les premiers s'avancent toujours hardiment sur une ligne de front assez
etendue; les seconds, au contraire, battent sans cesse en retraite sans
s'inquieter de ce qui en arrivera. Avec ces deux systemes si differents,
il n'etait pas difficile de prevoir que bientot l'armee nationale serait
a Naples. Effectivement, le 4, les volontaires etaient a Potenza et
campaient sur la route de Naples et sur celle de Montepillaro.
Les Napolitains avaient etabli autour de la ville quelques travaux de
fortifications passageres, qu'occuperent immediatement les gardes
civiques.
Il ne restait plus a cette date dans toutes les provinces de
l'Adriatique, la terre d'Otrante, la terre de Bari, la Capitanate, les
deux Calabres, les principautes Ulterieure et Citerieure, la Basilicate,
un seul soldat ni un magistrat royal; partout les soulevements etaient
aussi rapides qu'instantanes, mais quoi que l'on en dise, les evenements
s'accomplissaient bien plus aux cris de _Viva la liberta!_ qu'a ceux de
_Viva il re galantuomo!_ dont on paraissait aussi peu se soucier que de
l'annexion qui etait un mot creux, fort peu compris par les Calabrais en
general.
Le clerge, de meme qu'en Sicile, prenait part ostensiblement a ces
manifestations; les capucins, les cordeliers surtout, venaient en aide
au mouvement et ne craignaient pas au besoin de jeter leurs bonnets
par-dessus leur tete en se faisant soldats pour tout de bon.
A Foggia, le depart des troupes royales fut moins pacifique. En se
retirant, priees trop impoliment, a ce qu'il parait, de decamper, elles
se facherent serieusement et engagerent avec les soldats citoyens une
fusillade qui fit quelques victimes depart et d'autre.
Salerne fut menacee le lendemain 5, par les brigades Bixio, Ehber, Tuerr,
etc. S'attendant a une certaine resistance, l'armee liberale avait
etabli ses avant-postes sur les bords de la Selle, petite riviere ou
plutot torrent qui descend des montagnes et forme plusieurs
embranchements dont le principal longe la route royale de Montefano a
Evoli. Dans la nuit, une partie des troupes vint prendre position entre
Evoli meme et Vicenza, prenant ainsi a revers les royaux qui pouvaient
se rencontrer en avant de Salerne: de Vicenza a Salerne, il n'y a que
quelques lieues de marche.
Le 6, une brigade napolitaine, venant de la Capitanate qu'el
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