deux lanciers pour lui servir d'escorte.
Cet officier superieur partit de suite a franc etrier pour rejoindre a
Monteleone l'armee du general Vial. Le 25, il fut arrete a Mileto par
une brigade napolitaine composee du 4e et du 16e de ligne. Des officiers
l'entourent, l'injuriant et l'accusant de les avoir trahis et vendus a
l'ennemi pour une somme de cinq millions. Le general irrite d'abord,
puis reconnaissant que sa vie est en danger au milieu de ces forcenes,
chercha par des paroles de persuasion a les faire revenir de l'erreur
dans laquelle la passion les entrainait, mais ce fut en vain; a ce meme
moment arriva un autre officier, un de ces porteurs de nouvelles qu'on
voit rarement sur un champ de bataille, mais qui, dans les cafes et les
lieux publics, sont toujours ceux qui crient le plus haut et paraissent
vouloir manger tout le monde. Quarante mille Autrichiens, affirme-t-il,
sont debarques au Pizzo. Le roi Francois II est a leur tete, ils
marchent deja pour prendre de flanc l'armee liberale et l'arreter court
dans son mouvement en avant sur Monteleone, Le general reste a cheval
cherche alors a ramener a lui les soldats. Il avait a peine commence a
leur parler qu'un sergent, le couchant en joue, lui ordonna de crier
vive le Roi. Le general leva son kepi, et, l'elevant au-dessus de sa
tete, cria vive le Roi, en disant qu'il n'avait pas besoin d'etre
contraint a cela et que c'etait l'expression de son ame. Un coup de feu
qui traversa la poitrine de son cheval le fit au meme moment rouler dans
la poussiere.
Le malheureux se releva tout meurtri et couvert du sang de sa monture;
il fit appel aux sentiments d'honneur militaire des soldats, mais une
decharge de plus de quarante coups de fusil retendit roide mort. Il
tomba la face contre terre et le bras droit etendu sur ses assassins
comme si, a l'instant ou la mort le frappait, il leur eut jete une
malediction supreme, et voulu les stigmatiser de honte et d'infamie.
Ce pauvre general croyait encore sans doute a l'honneur de cette armee
qui, pour se servir de l'expression vehemente d'un officier francais
spectateur de toutes ces turpitudes, devrait etre marquee au bas des
reins du stigmate de la lachete. Les deux lanciers qui servaient
d'escorte au general avaient juge prudent de tourner bride aussitot
qu'ils avaient vu le guet-apens dans lequel etait tombe leur chef. Quant
aux officiers qui avaient provoque ce triste evenement, ils etaient
restes spectateurs du cr
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