grand galop, et a travers champs, qui vers la plage,
qui vers la route de Scylla; ceux-ci, prenant une autre direction, se
precipitaient comme des grenouilles les uns par dessus les autres dans
un _fiumare_ au fond duquel ils arrivaient en pelote compacte et ou,
pendant qu'ils se cherchaient eux-memes dans ce pele-mele de bras et de
jambes, ils etaient enterres sous des camarades qui leur tombaient sur
la tete; ceux-la, apres avoir pris par une traverse et voyant devant eux
et sur leur flanc des casaques rouges, se mettaient a tourner comme des
lievres au milieu de ce labyrinthe de baionnettes bien inoffensives
cependant, car ceux qui les portaient avaient pitie de ces malheureux
fuyards qui semblaient avoir perdu la raison.
Bientot la panique gagna le fort de Pezzo.
En voyant leurs camarades de San-Giovanni galoper a en perdre haleine
sur la plage, les factionnaires commencerent par deposer a terre sacs,
fusils, sabres, gibernes, etc., puis, s'accrochant par les mains a la
magistrale du rempart, ils se laisserent glisser dans les fosses d'ou,
gravissant cahin-caha l'escarpe, ils se haterent de se joindre aux ebats
fugitifs des heros de San-Giovanni.
Quant a ceux qui etaient dans le fort, les plus presses firent le saut
par les embrasures. Ceux de garde a la porte trouverent plus court de
l'ouvrir et de detaler par ce chemin, en sorte qu'en quelques minutes il
n'y resta plus qu'un Garibaldien stupefait qui, arrive la par hasard, ne
trouva rien de plus simple que de se nommer gouverneur provisoire et, en
cette qualite, de se donner l'ordre de rester en faction a la porte du
fort, ordre qu'il executa gravement en attendant que quelques autres
compagnons vinssent lui permettre d'y placer une garnison. Il va sans
dire que quelques paysans ou habitants des environs regardaient cette
triste comedie, les mains dans leurs poches et paraissant aussi peu
soucieux du desastre des royaux que du succes de l'armee nationale.
C'est penible a dire, mais ce fut ainsi.
En somme, le 23, a cinq heures, les deux rives du detroit appartenaient
a l'insurrection, sauf Alta-Fiumare, la Torre del Cavallo et Scylla.
L'escadre napolitaine avait disparu et toutes les troupes du Faro,
embarquees a la hate, traversaient en Calabre sous la protection du
_Veloce_ qui, a partir de ce moment, remplacait, pour le compte du
Dictateur, la croisiere napolitaine evanouie dans le lointain vers le
Sud.
Il y eut, dans cette inexplicable affaire de San
|