rs ripostaient de temps a autre et
renvoyaient aux royaux coup de feu pour coup de feu.
Une belle corvette a vapeur anglaise, achetee par le general Garibaldi,
arrivait sur rade le lendemain, et on procedait immediatement a son
armement. Une autre, plus petite, etait attendue.
Le 15, autre bataille, mais cette fois-ci, plus serieuse et en plein
jour.
On ne sait toujours pourquoi ni comment elle commenca. Une fusillade
s'engagea entre les deux lignes de vedettes. Du reste, tout etait a
l'orage ce jour-la.
Depuis le matin, on suffoquait de chaleur. Des nuages bronzes s'etaient
accumules sur les monts Pelore. L'air, charge d'electricite, rendait les
plus paisibles d'une humeur massacrante. Positivement l'atmosphere
sentait la poudre.
Cette fois-ci, les Garibaldiens plus nerveux que d'habitude, prirent en
mauvaise part les galanteries napolitaines.
Les royaux, habitues a faire ces petites guerres sans danger et peu
disposes sans doute a se laisser ereinter au nez et a la face de leur
citadelle, se replierent d'un seul bond jusqu'aux tentes de campement ou
stationnait la grand'garde, a la limite des glacis de la citadelle.
La, soutenus par cette grand'garde et par une compagnie qui sortait du
chemin couvert, ils tinrent un instant pour filer ensuite de plus belle
et rentrer dans la place et dans les chemins couverts d'ou ils
continuerent leur feu innocent sur les Garibaldiens qui, deja, avaient
cesse le leur. Comme il fallait que la comedie fut complete, le canon
vint terminer la representation par une vingtaine de coups tires on ne
sait contre quoi ni contre qui. Naturellement, tant tues que blesses, il
n'y eut personne de mort.
Mais des balles napolitaines etaient arrivees jusqu'a bord des batiments
de guerre sur rade. La chaloupe de la fregate a vapeur, le _Descartes_,
en ce moment en corvee au bout du quai, pres du champ de manoeuvres de
Terranova, avait ete obligee de s'abriter derriere un chaland charge de
charbon qu'elle remorquait, puis de l'amarrer en toute hate a quai et de
rallier son bord au milieu d'une grele de biscaiens et de balles dont
plusieurs traverserent les bordages de l'embarcation.
Il y eut des plaintes motivees, auxquelles on repondit par des excuses
et par des explications qui n'en etaient pas. L'orage qui vint a eclater
et une pluie torrentielle amenerent la fin des hostilites pour ce
jour-la.
Le heros de la bataille fut, sans contredit, un maitre Aliboron qui
vint, au milieu
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