lancer dans les hasards de la seconde
periode de cette guerre, reunir tous ses moyens d'action; or depuis
quelque temps il attendait des renforts qui n'arrivaient pas et qui,
malgre les promesses de Bertani, paraissaient vouloir rester en route;
il savait cependant que plusieurs convois avaient quitte Genes et
quelques autres points du littoral piemontais, et devaient se reunir en
Sardaigne pour operer tous ensemble leur debarquement au port de Sicile
qui leur serait indique.
De longs jours s'etaient passes, et rien n'annoncait leur arrivee. Le
Dictateur paraissait inquiet et preoccupe: il avait ete prevenu sans
doute par des depeches de Turin qu'il se tramait quelque chose comme
d'enlever ces renforts a l'armee meridionale et les envoyer operer pour
leur propre compte un debarquement sur les plages romaines. Ce projet
insense, concu par je ne sais qui, existait reellement, et c'etait juste
ce qu'il fallait pour porter a la cause italienne un coup mortel. Cette
tentative, sans avoir aucune espece de chance de reussite, perdait
certainement a tout jamais le parti que representaient le Dictateur et
son armee. En face d'evenements qui pouvaient tout compromettre,
Garibaldi se hata de gagner la baie des Orangers en Sardaigne, point de
rendez-vous des nouveaux volontaires. Que se passa-t-il? on n'en sait
rien au juste. Ce qu'il y a de positif, c'est que le general Garibaldi
les harangua et les fit rembarquer immediatement pour Cagliari d'ou ils
purent etre diriges en toute hate sur Palerme et Milazzo. Ces nouveaux
renforts s'elevaient a pres de six mille hommes: c'etaient des troupes
tout organisees, il n'y avait qu'a les aligner sur un champ de bataille.
De la baie des Orangers, le general Garibaldi se dirigea sur l'ile de la
Madeleine, dans les Bouches de Bonifacio, dont il etait peu eloigne: il
n'avait pas voulu venir aussi pres de son ermitage de Caprera sans
revoir ces lieux qui lui rappelaient tant de souvenirs d'affection et
tant de soucis, de projets et d'inquietudes. En quelques heures a peine
il arrivait avec le _Washington_ au mouillage de la Madeleine en passant
par le canal de l'Ours. C'est un des plus ravissants sites que l'on
puisse voir, malgre sa sauvagerie et son aridite.
A peine l'arrivee du Dictateur fut-elle connue que la ville entiere se
precipita au-devant de lui, on l'eut en effet volontiers porte en
triomphe jusqu'a sa petite maisonnette.
Il ne sera peut-etre pas indifferent de donner quelque
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