s plats de douceurs. Aussi
c'etait a qui aurait des amis et des connaissances parmi les
croque-poules; ou y etait toujours bien accueilli, et, autour de chaque
plat ou huit hommes se prelassaient, en se serrant on pouvait facilement
trouver deux ou trois places.
L'artillerie de campagne, avec ses approvisionnements et les attelages,
etait alignee sur la plage, prete a s'embarquer au premier signal sur le
_City of Aberdeen_, le _Duc de Calabre_, l'_Elba_ et l'_Oregon_. Une
trentaine de grands bateaux plats, disposes pour transporter les chevaux
et la cavalerie stationnaient dans le premier etang, ou l'embarquement
devait etre plus facile qu'a la plage. De toutes parts, on etait sur le
qui-vive, et on attendait incessamment l'ordre de depart. Ou apercevait
bien dans le petit golfe, entre la pointe du fort de Pezzo et la Torre
del Cavallo, les croiseurs royaux; mais leurs mouvements etaient indecis
et pouvaient, avec les bruits qui commencaient a courir, donner lieu a
bien des suppositions.
Quelques fusees, lancees par la fregate amirale, attestaient seulement
la surveillance supposee attentive des cotes du Faro par l'escadre
napolitaine. Le 9, les preparatifs se continuerent encore plus
activement. Mais la nuit s'annoncait sombre et orageuse. Vers les six
heures du soir, en effet, le ciel se couvrit de gros nuages, les cotes
de Calabre disparaissaient dans des grains multiplies et le tonnerre
grondait sourdement sur les hauteurs d'Aspri-Monte. La brise, qui avait
fraichi en meme temps, rendait la mer tellement clapoteuse dans le
detroit qu'il etait peu probable qu'aucune tentative put etre essayee
avec succes contre la cote italienne. Cependant, a minuit environ, par
une obscurite des plus intenses, vingt-cinq barques a peu pres
poussaient de terre a tout hasard chargees de volontaires, et
appareillaient. Elles allaient tenter la fortune d'un premier
debarquement: si elles reussissaient, c'etait un premier succes, un
jalon, un noyau de volontaires et d'officiers, surtout un chef donne aux
insurges de la Calabre.
En trois quarts d'heure, elles traversaient le detroit. Malheureusement,
l'obscurite et la force des courants ne leur avaient pas permis de
garder leur ordre de marche. Les unes vinrent faire tete sous les forts
memes de Scylla; d'autres s'echouerent pres de la Torre del Cavallo. Les
plus heureuses furent sous-ventees et aborderent a deux ou trois cents
metres plus loin que le fort d'Alta-Fiumare sur une bel
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