Dictateur, chacun s'efforcerait de continuer
a faire son devoir. C'est a cette epoque que les troubles de Bronte
eclaterent. Plusieurs assassinats et de honteuses scenes de pillage,
provoques par les montagnards, obligerent d'en venir a une repression
energique. Le general Bixio fut dirige sur ce point. Il fit saisir une
vingtaine des principaux emeutiers qui passerent immediatement devant un
conseil de guerre et furent fusilles seance tenante. Puis il vint a
Taormini rejoindre le corps de Cosenz et la brigade Ehber.
Pendant que ces evenements se passaient au Faro, la ville de Messine,
metamorphosee en grande caserne, tachait de faire contre fortune bon
coeur en rouvrant ses magasins le plus gaiement possible. Tous les
soirs, les musiques militaires circulaient dans la ville; et la strada
Ferdinanda, ainsi que le Corso, un peu plus illumines et embannieres que
dans les premiers jours, avaient presque un air d'allegresse.
Les manifestations continuaient, soit dans les eglises, soit sur des
places publiques. Les statues de Francois II et de son pere avaient
eprouve le meme sort qu'a Palerme. Une fois la nuit arrivee, il n'y
avait plus guere que des Garibaldiens dans les rues et, par-ci par-la,
quelques soldats napolitains attardes dans leurs provisions, ou quelques
officiers dans leurs visites. On organisait activement les nouvelles
recrues, et chaque jour des promenades militaires avaient lieu avec
armes et bagages. Quelques-uns des corps campes au Faro avaient recu
l'ordre de rentrer en ville.
Cependant la mesintelligence commencait a se mettre pour tout de bon
entre les lignes de factionnaires opposees sur le champ de manoeuvres de
Terranova. Presque chaque soir, on s'envoyait des gros mots et des coups
de fusil.
Mais en ville, une fois le sac a terre et le fusil mis de cote, on
continuait a vivre a peu pres en bonne intelligence.
Les echos d'alentour se rejouissaient aux sons des airs guerriers que
soufflaient a outrance les musiciens de la citadelle, pour charmer les
entr'actes des grandes manoeuvres militaires que les soldats du general
Clary executaient journellement sur la plage entre la citadelle et le
fort San-Salvador. L'artillerie attelee y manoeuvrait grand train, a
cote des bataillons de chasseurs qui devaient s'estimer heureux qu'on
leur eut conserve ce petit espace pour se degourdir les jambes et ne pas
perdre l'habitude du pas gymnastique.
Quand les parades etaient finies, les guerriers mettan
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