s la porte.
Toutes les manifestations se ressemblaient ou a peu pres. Mais elles
produisaient peu d'effet sur les sentiments belliqueux. Tout le monde, a
Messine, etait, sans contredit, partisan de la liberte et las du
gouvernement napolitain: on voulait meme bien se battre, a la rigueur;
seulement on tenait a rester chez soi.
Le contact des royaux et des Garibaldiens n'amenait jamais en ville de
rixes ni de vexations reciproques. Mais des consignes mal comprises
provoquaient souvent des haro de part et d'autre. Un jour, un canot
manoeuvre par un ou deux Garibaldiens, louvoyant pour sortir du port,
s'approchait trop du fort San-Salvador dont un factionnaire, le premier
venu, lui envoyait un coup de fusil. Naturellement, le bateau se hatait
de se mettre hors de portee. Un instant apres, un canot du fort
traversait le port pour venir a quai acheter des provisions. Les
Garibaldiens, a leur tour, envoyaient aux Napolitains une bordee de
maledictions et d'injures, et leur montrant une multitude de poings
vigoureux, disposes a taper, les obligeaient de repartir en toute hate.
A la longue, ces taquineries devaient amener et amenerent des coups de
fusil.
Vers le 10, arriva un officier napolitain charge d'une mission speciale
pour le Dictateur. Il devait, par tous moyens et toutes promesses,
tacher d'obtenir du general l'abandon de ses projets sur le continent.
C'est a la meme epoque que le roi Victor-Emmanuel vint aussi mettre sa
lettre dans la balance. Ni l'un ni l'autre ne purent rien obtenir.
L'officier napolitain s'en retourna, enchante, dit-on, de l'accueil
qu'on lui avait fait. Quant au roi Victor-Emmanuel, tout le monde
connait la reponse de Garibaldi.
Au 12, les preparatifs avaient pris des proportions gigantesques. De
leur cote, les Napolitains, sur la cote opposee, prenaient leurs
mesures, et l'escadre royale avait l'air, sinon l'intention, de vouloir
faire bonne garde et empecher tout debarquement. Elle se composait de
six corvettes et de plusieurs petits avisos, ainsi que de quelques
canonnieres. Ce n'etait pas sans une certaine apprehension que beaucoup,
meme des plus determines, parmi les officiers de l'armee meridionale,
envisageaient les projets du Dictateur. Malgre la confiance sans bornes
qu'on avait en lui et l'espece de fascination qu'il exercait sur ses
troupes, plus d'un, en reflechissant a l'operation difficile qui allait
etre tentee, se prenait d'une inquietude que tout semblait justifier.
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