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salee, communiquant avec la mer par un canal a moitie comble, occupent
l'entree et le centre de cette espece de presqu'ile. Ce sont les Anglais
qui, lors de leur occupation, ont creuse ce canal pour abriter dans les
etangs les nombreuses canonnieres qu'ils entretenaient le long de la
cote. A l'extremite du Faro se trouve un fanal construit au centre d'un
petit fort carre et casemate. A un kilometre environ de celui-ci, sur la
cote du large en dehors du detroit, existe un fort bastionne qui avait
ete abandonne avec armes et bagages par les Napolitains le surlendemain
de l'affaire de Milazzo. Depuis la tour du Faro jusqu'au village, ce ne
sont absolument que des sables au milieu desquels s'efforcent de surgir
quelques touffes de cactus et de figuiers de Barbarie. La population est
composee presque exclusivement de pilotes du detroit et de pecheurs
d'espadons.
Du Faro a Messine, il existait il y a quelques annees des batteries et
des tours casematees, les unes tres-anciennes, les autres datant de
l'occupation anglaise ou meme plus modernes; mais tout cela avait fini,
faute d'entretien, par tomber en ruines, et il n'y existait pas un canon
au moment ou se passaient ces evenements. La route strategique elle-meme
etait dans un fort triste etat. L'artillerie y fut donc immediatement
dirigee, et immediatement aussi, fut commence un ensemble de travaux de
fortifications et de batteries, defensives pour le Faro, et offensives
pour le detroit.
Chaque jour, plusieurs bataillons s'y rendaient le soir de Messine et le
lendemain etaient releves par d'autres. Ils faisaient, pendant douze
heures de jour, l'office de travailleurs et, pendant la nuit, celui de
soldats. Car l'ennemi etait maitre du detroit; ses nombreux vapeurs le
sillonnaient en tous sens; puis, les cotes de Calabre etant couvertes de
troupes napolitaines, il paraissait chose bien facile, par une nuit
obscure, de jeter a terre sur les plages du Faro quelques milliers
d'hommes.
Le general Garibaldi allait tous les jours inspecter lui-meme les
travaux de ces fortifications passageres et il en profitait pour passer
en revue les bataillons de garde. Il avait toujours soin d'arriver sur
les trois heures ou trois heures et demie du matin, c'est-a-dire a
l'heure ou les appels avaient lieu. On y vit s'elever d'abord, comme par
enchantement, une batterie de huit pieces de trente-deux avec des
parapets d'une epaisseur moyenne de dix metres. C'etait la plus
rapprochee du
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