vre en se
laissant acculer a la presqu'ile de Milazzo, il a rachete cette erreur
par un grand courage et une veritable dignite dans sa conduite.
Les rapports entre le Dictateur et le general Bosco sont restes tout le
temps dans les termes de haute convenance et de parfaite courtoisie,
quoi qu'en aient pu dire certaines versions triviales suggerees par
l'exageration des partis.
Quant a la ville de Milazzo elle-meme, helas! il faut encore l'avouer,
ses braves habitants n'avaient trouve rien de plus simple que de
decamper en toute hate. La jeunesse guerriere de cette cite de 12,000
ames ne fournit pas plus de volontaires a Garibaldi que de renforts au
general Bosco. Cependant c'etait une des villes citees pour leur
royalisme.
Ce qu'il y a de certain, c'est que chacun etait demenage avec armes et
bagages, emportant matelas et couvertures. C'est a peine si l'on put
trouver de la paille pour les blesses, aussi bien d'un parti que de
l'autre. Les quelques citadins retenus par des motifs quelconques dans
la ville, refusaient sans honte un verre d'eau aux blesses. Quant au
linge et a la charpie confectionnee par les charmantes peninsulaires, la
quantite en aurait pu tenir dans une coque de noix. Le pharmacien de
l'endroit lui-meme avait emballe ses remedes et ses purgations.
Aussitot que les evenements de Milazzo parvinrent a Messine, il y eut
grand mouvement militaire et brouhaha general sur toute la ligne. Les
troupes de reserve furent massees en face de la citadelle, sur le champ
de manoeuvres de Terranova, pendant que de fortes colonnes
s'etablissaient sur toutes les hauteurs environnantes. La cavalerie
seule etait, par ordre superieur, evacuee en toute hate, et a force de
transports, sur Reggio.
Le 22, les batiments de guerre etrangers etaient invites, le plus
poliment possible, a aller mouiller partout ailleurs que dans le port,
ou ils genaient l'oeuvre probable de destruction de la ville par la
citadelle; tandis que les navires de commerce recevaient l'ordre de
deguerpir immediatement sans tambour ni trompette, emportant leur
chargement d'habitants emigres. On vit donc, des le matin, de longs
chapelets de batiments de toutes sortes remorques, qui par des
embarcations, qui par de petits vapeurs, gagner les mouillages de la
Grotta, du Ringo, du Paradis, etc., et venir, comme en 1848, s'abriter
sous les pavillons des vaisseaux de guerre etrangers. Ce fut un
spectacle singulierement, mais aussi tristement pittoresq
|