a la
nuit faite, ce fut une course aux flambeaux jusqu'a Messine. Toutes les
fenetres, tous les navires, jusqu'au plus petit bateau, s'etaient
pavoises et illumines de feux de couleurs.
Ce dut etre un agreable spectacle pour les troupes napolitaines campees
de l'autre cote du detroit a San-Giovanni, au fort d'Alta-Fiumare, a la
Torre del Cavallo, etc.
Aussitot le retour de Garibaldi, deux compagnies de chasseurs des Alpes
partaient pour le Faro et, comme le general en chef, etaient conduites
jusqu'a leur poste avec force flambeaux et musique.
La treve ne fut cependant definitivement signee que le 29. Les
principaux articles stipulaient:
La remise a Garibaldi des forts situes en dehors de la ville avec leur
armement;
L'embarquement, sans obstacle, de tout le personnel et le materiel de
l'armee;
La libre circulation en ville, pour leurs provisions, des soldats ou
officiers napolitains;
La libre circulation du detroit;
La parfaite egalite, pour les deux pavillons, dans le port de Messine;
Une route, qui traverse le champ de manoeuvres de Terranova, devait
servir de ligne de demarcation entre les deux partis;
De chaque cote de cette route, deux lignes de factionnaires gardaient
chaque zone;
De plus, dans le cas ou les hostilites recommenceraient entre la
citadelle, qui restait aux Napolitains, et la ville, la cessation de
l'armistice devait etre denoncee au moins quarante-huit heures a
l'avance.
Des le lendemain 30, Messine semblait se reveiller d'un long cauchemar.
Les batiments de guerre rentraient dans le port. Ceux du commerce les
suivaient. La flottille de bateaux emboitait le pas intrepidement; et,
le soir, sur le quai, dans la strada Ferdinanda, au Corso, tout le monde
se promenait comme d'habitude a la lueur d'une illumination assez
mesquine. Les cafes, rouverts par enchantement, regorgeaient de
consommateurs, Garibaldiens et Napolitains pele-mele; et, enfin, sur les
deux heures chacun rentrait chez soi. Laissons-les dormir.
V
Pendant que les Garibaldiens se casernaient de leur mieux et partout ou
ils pouvaient, l'armee royale, entassee vis-a-vis la citadelle, se
hatait d'operer son evacuation. Tous les vapeurs de guerre napolitains
et les transports se mettaient a la besogne. C'est a Reggio que la plus
grande partie etait transportee. D'autres etaient diriges sur Scylla et
la Bagnara. Le general Clary ne voulait se reserver, dans la citadelle,
que le nombre d'hommes strict
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