ta qui se dirigea vers l'estrade et
s'assit dans un fauteuil.
Centurion la suivit et se placa devant elle, au pied de l'estrade.
--Avant toutes choses, reprit Fausta en regardant le bravo jusqu'au fond
des yeux, les hommes qui se reunissent ici savent qu'il existe quelque
part un fils de don Carlos, dont ils desirent faire leur chef. Malgre
les recherches les plus minutieuses, ils n'ont pu parvenir a decouvrir
sous quel nom se cache ce malheureux prince. Ce nom, j'en jurerais, tu
le connais, toi.
--C'est vrai, madame, dit Centurion dompte.
L'oeil noir de Fausta eut une lueur, aussitot eteinte.
--Ce nom? fit-elle d'une voix calme.
--Don Cesar, connu dans toute l'Andalousie sous le nom d'El Torero,
repondit Centurion sans hesiter.
Sans doute, Fausta etait bien loin de s'attendre a ce nom. Sans doute
aussi, la revelation de ce nom contrariait serieusement des plans
soigneusement elabores, car, prise d'une fureur soudaine, elle
s'exclama, pale de rage:
--Tu as bien dit don Cesar... l'amant de la Giralda... Ah! miserable!
C'est maintenant que je les ai laisses aller, lui et la bohemienne, que
tu me previens?...
Debout sur l'estrade, une main appuyee sur la table, l'autre tendue dans
un geste de menace, prise d'un acces de colere effrayant chez cette
femme toujours si maitresse d'elle-meme, Fausta foudroyait du regard le
malheureux Centurion terrifie.
--Madame, begaya-t-il, je ne savais pas... Vous ne m'aviez pas
interroge.
Par un effort de volonte admirable, Fausta se calma subitement. Ses
traits se rasserenerent. Elle s'assit et, le coude sur la table, elle
reflechit longuement, paraissant avoir oublie la presence de Centurion
qui, muet, retenant son souffle, respecta sa meditation.
Enfin, elle releva la tete et, tres calme:
--Vous ne pouviez pas savoir, en effet, dit-elle. Maintenant,
racontez-moi tout.
XXII
LE NAIN A L'OEUVRE
Nous sommes obliges de revenir momentanement a l'un de nos personnages
dont les faits et gestes prennent une importance qui sollicite notre
attention.
Voici donc le nain El Chico--car c'est de lui que nous voulons
parler--promu au rang de protagoniste.
Celui-ci est une reduction d'homme--gracieuse, il est vrai, et nous
avons entendu Fausta, qui doit s'y connaitre, lui dire qu'il est beau
dans sa petitesse. Il est sinon delicat, car il a ete eleve a la dure,
du moins faible comme un enfant qu'il est par la taille. Il est place
tout au bas de l'echelle so
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