s sous-sols de sa mysterieuse maison de
campagne.
El Chico se leva, s'ebroua et dit tout haut:
--Tiens! il est temps... Allons!
Et il se mit en route a pas lents, faisant le tour de la propriete,
ne cherchant nullement a se cacher. On eut meme dit qu'il souhaitait
attirer l'attention sur lui, car il faisait le plus de bruit qu'il
pouvait.
Et, tout a coup, il entendit des gemissements etouffes et vit deux
masses deposees au pied du mur et qui s'agitaient eperdument en des
soubresauts fantastiques.
El Chico ne parut nullement effraye. Il eut meme un de ces sourires
ruses qui illuminaient parfois sa physionomie, et, allongeant le pas, il
s'approcha de ces deux masses. Il reconnut alors qu'il se trouvait en
presence de deux corps humains etroitement roules dans des capes et
congrument ficeles des pieds a la tete.
Sans perdre un instant, il se pencha sur le premier de ces corps et se
mit a trancher les liens qui l'enserraient, a le debarrasser des plis de
la cape oui l'etouffait.
--El senor Torero! s'exclama El Chico, lorsque le visage de la victime
fut enfin degage.
Et le visage du petit homme exprimait une surprise si evidente,
l'intonation etait si naturelle, si sincere que le plus mefiant s'y fut
laisse prendre.
Mais le Torero avait sans doute autre chose a faire, car, sans perdre le
temps de remercier son sauveur--ou pretendu tel--il s'ecria:
--Vite! aide-moi!
Et, sans plus attendre, il se rua a son tour sur son compagnon
d'infortune qu'il eut tot fait de degager.
--Le seigneur Cervantes! s'ecria le nain avec un ebahissement croissant.
C'etait, en effet, Cervantes qui se mit peniblement sur son seant et,
d'une voix enrouee, s'ecria:
--Mort de tous les diables! j'etouffais la-dedans! Merci, don Cesar.
--Venez, s'ecria le Torero, bouleverse, il n'y a pas un instant a
perdre!... s'il n'est pas trop tard deja!
C'etait plus facile a dire qu'a faire. L'ecrivain avait ete fort malmene
et don Cesar, non sans angoisse, vit bien qu'il fallait, de toute
necessite, lui laisser le temps de se remettre:
--Une minute!... mon cher, laissez-moi respirer un peu... On m'a a
moitie etrangle, bredouilla-t-il.
Ce n'etait que trop vrai. Le Torero ne pouvait abandonner son ami dans
cet etat. Il en prit stoiquement son parti mais, comme chaque minute qui
s'ecoulait diminuait les chances qui lui restaient d'arriver a temps
pour aider Pardaillan et delivrer la Giralda, il fit la seule chose
qu'il avait a
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