rneur, qui n'avaient de haine pour
personne. Letourneur, bon homme, vaniteux, mais d'une vanite facile et
peu importune, qui se contentait des marques exterieures du pouvoir,
et des hommages des sentinelles, Letourneur avait pour Carnot une
respectueuse soumission. Il etait prompt a donner son avis, mais aussi
prompt a le retirer, des qu'on lui prouvait qu'il avait tort, ou des que
Carnot parlait. Sa voix dans toutes les occasions appartenait a Carnot.
Larevelliere, le plus honnete et le meilleur des hommes, joignait a une
grande variete de connaissances un esprit juste et observateur. Il etait
applique, et capable de donner de sages avis sur tous les sujets; il en
donna d'excellens dans des occasions importantes. Mais il etait souvent
entraine par les illusions, ou arrete par les scrupules d'un coeur pur.
Il aurait voulu quelquefois ce qui etait impossible, et il n'osait
pas vouloir ce qui etait necessaire; car il faut un grand esprit pour
calculer ce qu'on doit aux circonstances sans blesser les principes.
Parlant bien, et d'une fermete rare, il etait d'une grande utilite
quand il s'agissait d'appuyer les bons avis, et il servait beaucoup le
directoire par sa consideration personnelle.
Son role, au milieu de collegues qui se detestaient, etait extremement
utile. Entre les quatre directeurs, sa preference se prononcait en
faveur du plus honnete et du plus capable, c'est-a-dire, de Rewbell.
Cependant, il avait evite un rapprochement intime, qui eut ete de son
gout, mais qui l'eut eloigne de ses autres collegues. Il n'etait pas
sans quelque penchant pour Barras, et se serait rapproche de lui s'il
l'eut trouve moins corrompu et moins faux. Il avait sur ce collegue un
certain ascendant par sa consideration, sa penetration et sa fermete.
Les roues se moquent volontiers de la vertu, mais ils la redoutent quand
elle joint a la penetration qui les devine le courage qui ne sait pas
les craindre. Larevelliere se servait de son influence sur Rewbell et
Barras, pour les maintenir en bonne harmonie entre eux et avec Carnot.
Grace a ce conciliateur, et grace aussi a leur zele commun pour les
interets de la republique, ces directeurs vivaient convenablement
ensemble, et poursuivaient leur tache, se partageant dans les questions
qu'ils avaient a decider, beaucoup plus d'apres leur opinion que d'apres
leurs haines.
Excepte Barras, les directeurs vivaient dans leurs familles, occupant
chacun un appartement au Luxembourg. Ils deploy
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