en poste pour echapper
plus surement au danger du voisinage. Il n'alla pas a Gand, c'eut ete un
parti trop violent, et qu'il n'avait pas pris d'abord: mais il voyagea
en Normandie, revit les Andelys, la foret de Navarre, regretta sa
jeunesse, et ne revint que lorsque les Cent-Jours etaient trop avances
pour qu'on fit attention a lui. Toute cette conduite doit sembler
d'autant plus delicate, d'autant plus naturellement noble, que, sans
compter son grief recent contre le Gouvernement dechu, son imagination
avait ete de nouveau seduite par le miracle du retour; et comme
quelqu'un devant lui s'ecriait, en apprenant l'entree a Grenoble ou a
Lyon: "Mais c'est effroyable! c'est abominable!"--"Eh! oui, avait-il
riposte, et ce qu'il y a de pis, c'est que c'est admirable!"
Nous avons franchi les endroits les plus difficiles de la vie politique
de M. de Fontanes, et nous avons cherche surtout a expliquer l'homme, a
retrouver le poete dans le personnage, sans alterer ni flatter. La pente
qui nous reste n'est plus qu'a descendre. Il alla voir a Saint-Denis
Louis XVIII revenant, qui l'accueillit bien, comme on le peut croire.
Diverses sortes d'egards et de hauts temoignages, le titre de ministre
d'Etat et d'autres ne lui manquerent pas. Il ne fit rien d'ailleurs pour
reconquerir la situation considerable qu'il avait perdue. Il fut, a la
Chambre des pairs, de la minorite indulgente dans le proces du marechal
Ney. Les ferveurs de la Chambre de 1815 ne le trouverent que froid:
monarchien decide en principe, mais modere en application, il inclina
assez vers M. Decazes, tant que M. Decazes ne s'avanca pas trop. Quand
il vit le liberalisme naitre, s'organiser, M. de La Fayette nomme a la
Chambre elective, il s'effraya du mouvement nouveau qu'il imputait a la
faiblesse du systeme, et revira legerement. On le vit, a la Chambre des
pairs, parler, dans la motion Barthelemy, pour la modification de la loi
des elections qu'il avait votee en fevrier 1817, et bientot soutenir,
comme rapporteur, la nouvelle loi en juin 1820. Tout cela lui fait une
ligne politique intermediaire, qu'on peut se figurer, en laissant a
gauche le semi-liberalisme de M. Decazes, et sans aller a droite jusqu'a
la couleur pure du pavillon Marsan.
Non pas toutefois qu'il fut sans rapports directs avec le pavillon
Marsan meme, et sans affection particuliere pour les personnes; mais il
n'eut contribue qu'a moderer.
En 1819, une grande douleur le frappa. M. de Saint-Marcel
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