c egard et dedommagement; on y rendait hommage,
dans le preambule, aux hommes qui avaient sauve les bonnes doctrines au
sein de l'enseignement imperial, et qui avaient su le diriger souvent
contre le but meme de son institution.
L'ordonnance fut promulguee le 21 fevrier, et Napoleon debarquait le 5
mars. Il s'occupait de tout a l'ile d'Elbe, et n'avait pas perdu de vue
M. de Fontanes. En passant a Grenoble, il y recut les autorites, et le
Corps academique qui en faisait partie; il dit a chacun son mot, et
au recteur il parla de l'Universite et du Grand-Maitre:--"Mais, Sire,
repondit le recteur, on a detruit votre ouvrage, on nous a enleve M. de
Fontanes;" et il raconta l'ordonnance recente.--"Eh bien! dit Napoleon
pour le faire parler, et peut-etre aussi n'ayant pas une tres-haute idee
de son Grand-Maitre comme administrateur, vous ne devez pas le regretter
beaucoup, M. de Fontanes: un poete, a la tete de l'Universite!" Mais le
recteur se repandit en eloges[157]. Napoleon crut volontiers que M. de
Fontanes, frappe d'hier et mecontent, viendrait a lui.
[Note 157: Bien que M. de Fontanes ne fut pas precisement un
administrateur, l'Universite, sous sa direction, ne prospera pas moins,
grace a l'esprit conciliant, paternel et veritablement ami des lettres,
qu'il y inspirait. En face de l'Empereur, et particulierement dans
les Conseils d'Universite que celui-ci presida en 1811, et auxquels
assistait concurremment le ministre de l'interieur, M. de Fontanes
arrivant a la lutte bien prepare, tout plein des tableaux administratifs
qu'on lui avait dresses expres et representes le matin meme, etonna
souvent le brusque interrogateur par le positif de ses reponses et par
l'aisance avec laquelle il paraissait posseder son affaire. Son esprit
facile et brillant, peu propre au detail de l'administration, saisissait
tres-vite les masses, les resultats; et c'etait justement, dans la
discussion, ce qui allait a l'Empereur.]
Installe aux Tuileries, il songea a son absence; il en parla. Une
personne intimement liee avec M. de Fontanes fut autorisee a l'aller
trouver et a lui dire: "Faites une visite aux Tuileries, vous y serez
bien recu, et le lendemain vous verrez votre reintegration dans le
_Moniteur_."--"Non, repondit-il en se promenant avec agitation: non,
je n'irai pas. On m'a dit courtisan, je ne le suis pas. A mon age,...
toujours aller de Cesar a Pompee, et de Pompee a Cesar, c'est
impossible!"--Et, des qu'il le put, il partit
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