u), un
travail exagere, inutile, et par consequent nuisible; de la, a la
longue, le surmenage et les protestations de ces divers organes, se
traduisant de mille et une facons (eczema, urticaire, gravelle,
etc.). Cette maniere de voir donne satisfaction aux partisans de
l'auto-intoxication; ou bien si l'on admet la theorie de l'irritation
du pneumo-gastrique, ou du plexus solaire, on peut egalement comprendre
comment cette irritation, presque permanente, des nerfs de l'estomac par
une alimentation incendiaire, amene, par action reflexe, des troubles de
coeur (palpitations, arythmie, etc.) et du poumon (asthme, dyspnee), du
cerveau et de la moelle, voire meme des troubles cutanes, etc. Pourquoi,
d'ailleurs, ne pas adopter les deux theories a la fois? ce ne serait, en
tout cas, pas deraisonnable.
Mais, dira-t-on, quelle est donc la dose _optima_ d'aliments qui
convient pour entretenir la vie et pour reparer les depenses incessantes
de l'organisme? Elle doit varier, evidemment, suivant le travail
produit, et suivant les individus. Tous n'ont pas le meme besoin
d'alimentation, pas plus que, dans un regiment de cavalerie, tous les
chevaux n'ont pas les memes besoins, bien qu'ils soient obliges aux
memes depenses musculaires. On a essaye de fixer mathematiquement ce
qu'on appelle la "ration d'entretien" et la "ration de travail"; et les
differents chimistes qui se sont livres a ce calcul sont arrives a des
chiffres qui variaient du simple au quadruple: mais tous s'accordent
pour demontrer qu'il faut _tres peu d'aliments_ pour subvenir a la
"ration d'entretien", et meme a la "ration de travail", de l'homme. La
verite est que nous mangeons, presque tous, trop, et qu'il faut que la
machine humaine soit bien admirablement construite pour qu'elle resiste
aux assauts quotidiens que nous lui imposons.
Comme ce probleme de la ration physiologique m'a toujours interesse, je
me suis livre a une enquete sur le regime des Chartreux; et j'affirme
que l'insuffisance apparente d'alimentation n'est pour rien dans leur
morbidite. Ils ont beaucoup moins de jours d'indisponibilite que
la plupart des autres hommes du meme age, meurent plus vieux, et
s'eteignent sans "maladie". Pareillement, chez les Trappistes, le regime
fort severe n'est pas une cause de morbidite; j'ai meme ete etonne,
a leur propos, de voir la flexibilite de l'organisme humain, et de
constater qu'un homme habitue a manger comme tout le monde pouvait, d'un
jour a l'autre, s
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