confier sa pensee a autrui est bien connu de tous les psychologues;
c'est lui qui pousse les criminels a venir s'accuser d'un acte dont
l'auteur aurait pu rester inconnu; c'est lui qui, chose invraisemblable,
a excite un de mes malades a prendre sa femme, en tant que sa meilleure
amie, comme confidente d'une passion amoureuse qui le rongeait. On
comprend donc combien un confident sur et discret peut rendre de
services, chez les malades de tout age atteints de psycho-nevrose. Comme
l'a dit le poete:
En se plaignant on se console,
Et quelquefois une parole
Nous a delivres d'un remords.
Mais il est des cas ou la douleur humaine ne peut etre attenuee par une
confidence, si intime qu'on la suppose. Alors, la psychotherapie perd
tous ses droits.
Il est d'autres cas ou elle est egalement impuissante. C'est quand le
malade ne _veut_ pas guerir,--s'il se complait dans son chagrin, par
exemple.--Ou bien encore on voit des malades qui ont pris l'habitude de
se faire plaindre, et qui, inconsciemment, ne veulent pas guerir; dans
leur egoisme morbide, ils mettent sur les dents tout leur entourage,
veritables vampires qui epuisent jusqu'au bout la patience, les forces,
les ressources pecuniaires de leurs proches, sans avoir un eclair de
reconnaissance pour ceux qui se sacrifient ainsi, ni pour le medecin qui
se depense en pure perte. Rappelons-nous bien que ces malades terribles
sont, avant tout, des malades, et ont droit a toute notre indulgence;
leur egoisme feroce n'est qu'un symptome morbide. Ainsi j'ai soigne une
dame qui, avant d'etre malade, etait exquise de bonte, de bienveillance,
de politesse. Or, quelques mois apres le debut de sa "maladie", en
meme temps qu'elle devenait dyspeptique, constipee, obese, tout en ne
mangeant presque pas, grande malade en un mot, son caractere se modifia
et la fit devenir le tyran dont j'esquisse a grand traits l'image.
Aujourd'hui, elle fait le desespoir de tout le monde. Inutile d'ajouter
qu'elle n'est pas hypnotisable. Chez ces malades, la psychotherapie
est impuissante. Si habilement maniee qu'on le suppose, elle echoue
quelquefois; elle a cela de commun avec tous les autres agents
therapeutiques.
PSYCHOTHERAPIE ET PROBLEME RELIGIEUX
Dans quelle mesure le medecin peut-il utiliser, comme moyen
psychotherapeutique, les ressources que peut fournir la foi religieuse?
Grave question qui ne saurait etre traitee avec trop de discretion.
En principe, le medecin ferait mieux de
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