acclimatation; pendant ces quelques
jours, elle aura un malaise extreme, et, en particulier, de l'insomnie,
tandis que, si elle s'etait arretee deux fois en route, elle n'aurait
pas eu a payer ce tribut a la depression barometrique.
3 deg. De s'interdire le voyage matinal; de ne pas croire que, parce que
le lever a l'aube est favorable a l'alpiniste bien portant, il soit
egalement favorable aux neurastheniques qui ont besoin de leur sommeil
matinal.
4 deg. Une prescription importante, c'est encore de se reposer, a l'arrivee
a destination, pendant deux, quatre jours, suivant la valeur de
l'individu, pour reparer la depense occasionnee par le voyage. Ce repos
sera plus ou moins complet, suivant la gravite des cas. En principe, il
vaut mieux pecher par exces que par defaut de prudence.
5 deg. Pendant ces villegiatures, le malade ne devra pas faire de sorties
quotidiennes, sous le fallacieux pretexte de s'entrainer; l'entrainement
convient aux gens bien portants, mais le mot "entrainement" doit
disparaitre du vocabulaire du malade. Certes, le role du medecin est
d'entrainer le malade; mais cet entrainement, que j'appellerai medical,
doit etre tellement progressif et mesure qu'il n'a, pour ainsi dire,
rien de commun avec l'entrainement de l'homme bien portant et de l'homme
de sport.
Le malade ne devra faire un effort que tous les deux ou trois jours, et
profiter des jours intermediaires pour se reposer. Ainsi il parviendra a
reconquerir des forces, tandis que, s'il espere s'entrainer en depensant
tous les jours un peu plus de son miserable capital, il ira droit a la
ruine.
On comprend aisement qu'un des facteurs importants du voyage est sa
longueur. Le voyage autour du monde ne convient a aucun malade; on peut
dire que, en general, il n'est pas necessaire d'aller tres loin. Le
malade parisien, par exemple, se trouvera mieux d'une villegiature a
Montmorency que d'une lointaine expatriation. On ignore trop l'extreme
susceptibilite du malade au changement de milieu. Une simple promenade
_extra muros_ impressionne le malade parisien, quelquefois en bien, mais
le plus souvent en mal. Combien connaissons-nous de personnes qui
ne peuvent pas aller jusqu'a Versailles sans avoir, au retour, une
veritable courbature, une nuit de moins bon sommeil, et, les deux ou
trois jours suivants, une aggravation de tous leurs symptomes morbides?
Leurs parents, qui n'y comprennent rien, pretendent que c'est affaire
d'imagination. Mais
|