non, c'est un fait parfaitement explicable, et le
medecin, qui connait cette susceptibilite invraisemblable, devrait
se constituer l'avocat des patients, au lieu de faire chorus avec la
famille et d'accabler le malade de conseils intempestifs. Certes, dans
certains cas, par une suggestion puissante, en reveillant ce qui reste
d'energie latente au malade, en faisant, en d'autres termes, de la
psychotherapie reconfortante, il pourra, pour ainsi dire, dynamiser le
malade et lui donner la force de supporter non seulement le voyage de
Versailles, mais un voyage relativement lointain, et ce, pour le plus
grand bien, car le malade reprend alors confiance en lui-meme. Mais,
avant de donner cette suggestion, le medecin doit bien etudier son
sujet, et savoir au juste ce qu'il vaut, sous peine de lui nuire en lui
demandant un effort au-dessus de ses forces.
Nous ne nous dissimulons pas que rien n'est plus difficile que de
connaitre la valeur exacte d'un systeme nerveux; c'est presque
impossible pour le medecin qui voit le malade pour la premiere fois.
Dans le doute, il vaut mieux ne pas imposer une fatigue qui risquerait
d'etre prejudiciable; on se repent rarement d'avoir ete trop prudent. Un
element d'appreciation qui est d'un grand secours pour le medecin, en
pareille occurrence, c'est le desir du malade lui-meme.
S'il ne desire pas voyager, s'il se dit fatigue, il y a gros a parier
qu'il l'est en realite. Le malade a toujours, en effet, une vague
conscience de sa valeur, et il faut tenir compte de son appreciation.
Si, au contraire, il manifeste vivement le desir de changer de milieu,
c'est qu'il sent vaguement qu'il a des reserves de force nerveuse ayant
besoin d'etre utilisees; il a un sourd instinct qui, en general,
le guide bien. Mais alors, direz-vous, le role du medecin est
singulierement restreint; il consiste a s'enquerir plus ou moins
discretement des desirs du malade, et a les transformer habilement
en prescriptions medicales? A vrai dire, ce serait encore de la
psychotherapie; mais nous ne concevons pas les choses de cette facon.
Quelquefois, il arrive que l'instinct du malade le guide mal; il est
devoye par des auto-suggestions, des prejuges ataviques, dos theories
plus ou moins scientifiques; et le role du medecin est, en ce cas, de
remettre tout au point, de demontrer a son malade que son instinct, dans
telle ou telle circonstance, le guide de travers; que, bien qu'il n'en
ait pas envie, il doit aller de l'ava
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