la cote d'Azur, on va lui faire le plus
grand bien; c'est une profonde erreur. L'insolent ciel bleu du Midi lui
paraitra odieux, et, apres quelques jours, elle souhaitera, dans son for
interieur, de quitter le delicieux pays. Elle ne le dira pas, pour ne
pas torturer son entourage, elle souffrira en silence; et il peut meme
se faire qu'a la longue son etat s'ameliore; mais, surement, ce ne sera
pas l'effet du changement de milieu. Et il peut bien se faire aussi que
son etat s'aggrave assez pour que l'entourage se rende a l'evidence, et
ramene a grands frais, et avec d'infinies precautions, la pauvre victime
dans le milieu qu'elle n'aurait pas du quitter.
En realite, le voyage n'est utile que chez les gens qui paraissent n'en
avoir pas besoin. C'est pour bien faire comprendre notre maniere de voir
que nous exagerons, a dessein, la formule de notre pensee.
Il est bien certain qu'entre le malade grave, qu'on ne doit pour rien au
monde deplacer, et l'homme qu'on est convenu d'appeler bien portant, et
qui a tout interet a faire des voyages d'agrement, il existe toute une
serie d'intermediaires auxquels les voyages peuvent rendre des services.
Le changement radical de milieu, si dangereux pour le malade grave, peut
etre utile a l'individu qui n'est que sur la frontiere de la "maladie".
Quitte a avoir dans un hotel une nourriture moins bonne, moins
hygienique, moins adaptee a l'etat de son estomac, un dyspeptique pourra
se trouver bien de cette nourriture, si, en arrivant a l'hotel, il
laisse ses preoccupations incessantes, enervantes, de Paris. Comme toute
chose humaine, le deplacement peut avoir du bon et du mauvais, et on ne
peut formuler de regles absolues pour les cas moyens; c'est au medecin,
s'il est consulte, a peser le pour et le contre, et a donner les
indications generales.
Mais il y a quelques conseils qu'il devra donner toujours au malade.
C'est:
1 deg. De ne pas voyager de nuit.
2 deg. De s'interdire les changements journaliers de stations, sauf dans
les cas ou, pour une raison quelconque, on est oblige de gagner les
altitudes. Dans ce dernier cas, il faut, au contraire, imposer au malade
des stations intermediaires, car l'experience demontre que rien n'est
prejudiciable a une grande nerveuse, par exemple, comme le voyage en une
seule traite de Paris en Engadine. Elle peut etre sure que, en arrivant
a destination, il lui faudra plusieurs jours pour s'adapter au nouveau
milieu d'altitude, pour faire son
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