t, que son intestin avait
"horreur du vide". Tant que ces personnes ne sont pas atteintes de cette
obsession speciale qui empoisonne la vie des constipes, elles tolerent
leur infirmite sans se douter qu'elle existe. Mais malheur a elles quand
elles commencent a se preoccuper de leur constipation! C'est a partir de
ce moment qu'elles rapportent a la constipation les mille et une miseres
qui sont l'apanage des neurastheniques. Malheur a elles, surtout,
quand elles entrent dans la voie des soi-disant traitements de la
constipation! Elles commencent par user du lavement simple, tiede
d'abord, puis tres chaud, puis tres froid; puis elles ont recours aux
purgatifs doux, aux purgatifs plus violents, elles en arrivent aux
grands lavages. Elles font tant et si bien qu'elles irritent leur
intestin, et qu'a leur constipation anodine succede l'entero-colite
membraneuse.
A partir de ce moment, la vie leur devient insupportable et le cercle
vicieux est etabli. Plus elles irritent leur intestin, plus la
constipation devient opiniatre, et, pour lutter contre cette
constipation opiniatre, elles irritent de plus en plus leur intestin.
L'obsession entre alors en scene, elles ne pensent plus qu'a leurs
fonctions alvines, a la liberte du ventre, qu'elles disent etre la plus
necessaire des libertes. Elles donneraient la vie du genre humain pour
obtenir une selle; elles se presentent a la garde-robe plusieurs fois
dans la journee, sans succes ou avec des resultats insignifiants, et,
cette impuissance les affolant, elles ont recours aux moyens les plus
extraordinaires pour lutter contre l'odieuse constipation. Cet etat
mental des constipes merite d'etre etudie de tres pres; et toute
therapeutique qui ne cherche pas a le modifier est, par avance,
condamnee a l'impuissance.
La premiere chose a faire, quand on se trouve en presence d'un de ces
constipes a obsession, est de lui persuader que la constipation n'est
pas l'ennemie, n'est pas la cause immediate de toutes les miseres
qu'il ressent, qu'elle n'est au contraire qu'un symptome d'importance
secondaire, prouvant simplement qu'il y a quelque chose de defectueux
dans le fonctionnement du systeme nerveux abdominal.
Persuadez a vos malades qu'il leur suffit d'aller a la garde-robe tous
les deux ou trois jours pour commencer, que, lorsqu'ils iront mieux, ils
iront quotidiennement; invitez-les a ne s'y presenter qu'une fois par
jour, a heure fixe, en leur interdisant, dans la mesure du possib
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