yaient chez elles, et Diderot affirmait que, en
general, les eaux sont le dernier conseil de la medecine poussee a bout.
"On compte plus, ajoutait-il, sur le voyage que sur le remede."
Tous les deux etaient, certes, des hommes d'esprit, mais ils parlaient
la de choses qu'ils ne connaissaient point. Si incommensurable que soit
la sottise humaine, les eaux n'auraient pas joui, depuis la plus haute
antiquite, et ne jouiraient pas du renom qu'elles ont encore, si elles
n'avaient pas vraiment une certaine efficacite.
Certes, dans les bons effets des cures minerales, il faut compter, pour
une certaine mesure, avec le changement de milieu, l'influence agreable
du voyage; mais il ne faut pas oublier que cette influence, utile
quelquefois, est quelquefois facheuse. Aussi faut-il n'envoyer aux eaux
que les malades qui ont encore beaucoup de ressort, et dont le capital
n'est pas serieusement compromis.
Le changement de regime alimentaire qui est impose aux malades, dans les
stations thermales, leur est parfois favorable, et peut avoir une part
d'influence dans les bons resultats obtenus. Nous savons, en effet, que,
a un moment donne, il est utile de ne pas se confiner dans un regime
alimentaire suivi depuis trop longtemps, et aussi que, dans certains
cas, il faut savoir brusquer l'estomac. Mais ce changement brusque, qui
souvent est utile, peut etre dangereux, au contraire, quand le systeme
nerveux n'est pas de taille a supporter le soudain assaut impose.
C'est ce qui arrive souvent aux stations minerales, ou le bon effet
des eaux est, en grande partie, contre-balance par la mauvaise hygiene
alimentaire. De la l'utilite qu'il y aurait a instituer, dans toutes les
villes d'eaux, des "tables de regime" comme il en existe dans toutes les
maisons de sante bien tenues, ou chaque malade, pour ainsi dire, a le
regime alimentaire qui lui convient, dose et surveille par le medecin de
l'etablissement. Rien de semblable n'existe, malheureusement, dans nos
stations minerales, parce que les medecins n'y sont pas libres de tous
leurs actes, et ont a compter avec les hoteliers qui, eux-memes, ont a
compter avec leurs chefs de cuisine.
A Carlsbad, on a bien essaye de faire des "tables de regime"; et j'y
ai vu moi-meme des menus imprimes; mais un bon nombre des mets qu'ils
annoncaient se sont trouves n'exister que sur le papier. A Vichy, par
contre, plusieurs medecins sont arrives a imposer a des tenanciers de
pensions de famille l'obliga
|