rendra,
plus vite il sera gueri!" Le malade proteste, il affirme que la viande
saignante lui fait du mal: c'est egal, qu'on lui en donne au moins
autant que son estomac pourra en digerer, ce sera toujours pour son
bien! On disait la meme chose, autrefois, pour le vin; les gens
intelligents commencent a comprendre que le vin, si utile a un
travailleur bien portant, n'est pas un aliment heroique quand il est
donne a des malades, meme sous forme de vins medicamenteux.
De meme l'on raisonne pour l'exercice. Un exercice modere est utile aux
gens bien portants; il faut donc l'imposer au malade. Ce dernier a beau
dire que la moindre marche le fatigue, lui ote le peu d'appetit et de
sommeil qu'il avait encore; c'est egal, il faut qu'il marche! On ne
concoit pas qu'il doive rester a la chambre, du moment qu'il peut se
tenir sur ses jambes. Le pauvre malade voudrait rester couche, il sent
que le lit lui est utile; c'est encore la, dit-il, qu'il souffre le
moins. Mais non, il faut qu'il se leve! Le lit ote les forces, le lit
constipe! Et plus le patient est soi-disant bien soigne, plus il a a
lutter contre ces prejuges, qu'on parvient difficilement a deraciner
meme dans les milieux intelligents. Il ne faut pas non plus, dit-on,
laisser le malade dormir le jour, sans quoi il ne dormira pas la nuit!
Malheureux, qui ne voulez pas comprendre que l'insomnie de votre cher
malade "tient a une excitation de ses cellules cerebrales, et que le
sommeil est le meilleur remede a apporter a cette excitation, et que,
par consequent, le sommeil du jour predispose au sommeil nocturne! Quand
donc aurez-vous une notion un peu precise et raisonnee sur la pathogenie
de tous ces troubles dont l'ensemble constitue la "maladie"?
C'est aussi par une faute grossiere de raisonnement qu'on considere les
voyages comme utiles aux malades. Encore une fois, ils sont utiles aux
gens bien portants, et d'autant plus utiles qu'on se porte mieux, parce
qu'ils permettent a l'homme doue d'un beau capital biologique de faire
de ces petites avances dont nous avons parle deja, de ces placements a
gros interets qui augmentent sa fortune. Accidentellement, il est vrai,
il peut se faire que le placement soit malheureux: c'est ce qui arrive
chez l'alpiniste qui aventure une trop grosse somme d'energie, et met
quelquefois quinze jours a se refaire d'une excursion par trop fatigante.
Mais enfin, en general, on peut dire que, chez les gens bien portants,
ces risques de depens
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